Élu dimanche président de la République, Emmanuel Macron va entrer en fonction le 14 mai. Une fois seul à l’Élysée, le nouveau chef de l’État ne devrait pas perdre de temps et entamer immédiatement des phases de réflexion et de concertation sur les grands axes de son programme. Emmanuel Macron accorde une grande place aux mesures économiques, lui qui souhaite libérer l’esprit d’entreprise et redonner confiance aux Français. Le calendrier s’annonce chargé.
Cet été : la réforme par ordonnances du Code du Travail
Une fois le Parlement constitué en juin, Emmanuel Macron s’adressera aux élus pour leur demander l’autorisation de légiférer par ordonnances, des textes permettant au président de prendre des mesures relevant d’ordinaire du domaine législatif. Il consultera bien les partenaires sociaux "au printemps-été" mais de manière "accélérée". Ainsi, Emmanuel Macron espère pouvoir aller vite afin que les premiers effets des réformes se fassent sentir vite.
Objectif : déconcentrer l’organisation du travail. En termes de contenu, le président-élu souhaite compléter la loi El Khomri en accentuant la déconcentration de "l’organisation de la vie économique et sociale au niveau de la branche et de l’entreprise", comme il l’expliquait au Parisien en mars. Les principes fondamentaux (durée légale du temps de travail, égalité professionnelle, salaire minimum...) resteront gravés dans la loi. Mais tout ce qui relève de l’ajustement comme les horaires effectifs ou l’organisation du travail "seront négociés au plus près du terrain. Ils seront définis par accord majoritaire ou par référendum d'entreprise sur la base d'un accord", expliquait Emmanuel Macron en avril sur Public Sénat.
Les syndicats sont vigilants. Le président-élu risque de se heurter aux syndicats, déjà échaudés par la loi El Khomri adoptée en 2016. "S'il persiste dans l'idée de faire des ordonnances au mois de juillet, ça veut dire qu'il va balayer le dialogue social et la concertation : il y aura problème d'une manière ou d'une autre, donc on attend de voir", a prévenu Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, lundi sur France Info. Comme les autres centrales nationales, FO ne participera cependant pas au rassemblement organisé par le collectif "Front social" pour alerter Emmanuel Macron, lundi à 14h Place de la République à Paris.
Cet automne : les budgets pour 2018 et pour le quinquennat
Emmanuel Macron compte commander, dès sa prise de fonctions à l’Élysée, un audit des finances publiques dont il recevra les conclusions en juin. Mais contrairement à la tradition, le nouveau président de la République ne proposera pas de ligne budgétaire dès l’été. Il a d’ores et déjà annoncé sa volonté de conserver la trajectoire du gouvernement Cazeneuve, qui prévoit le retour à un déficit public inférieur à 3% en fin d’année, une première depuis 2008.
Prévisions budgétaires. A l’automne, Emmanuel Macron et son gouvernement proposeront deux documents clés. D’une part, un texte quinquennal de finances publiques qui donnera les orientations budgétaires et macroéconomiques des cinq prochaines années. Dans son programme de campagne, le leader d’En Marche! s’était montré très prudent avec une croissance limitée à 1,8% et une réduction très progressive de la dette et du déficit publics.
Par ailleurs, le projet de loi de finances 2018 sera lancé lors de la session ordinaire du Parlement, à partir du 1er octobre. Ce texte contiendra plusieurs des mesures économiques de son programme de campagne à commencer par la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, la transformation du CICE en allègements de charges pérennes pour les entreprises. On devrait probablement y trouver la suppression programmée des cotisations sociales et la hausse de 1,7 point de la CSG.
En 2018 : le temps des réformes
Pour l’année prochaine, Emmanuel Macron a déjà annoncé ses priorités. La première sera de s’attaquer à la formation professionnelle. Il veut rendre les formations plus accessibles en milieu de carrière pour faciliter les transferts et les reconversions, élargir l’éventail des formations proposées aux métiers peu qualifiés. Enfin, le travailleur décidera de ses périodes de formations, en accord avec son employeur.
Étendre l’assurance-chômage. Autre mesure essentielle pour Emmanuel Macron : la refonte du système de l’assurance-chômage. Comme pour la formation professionnelle, une réflexion sera entamée dès l’automne 2017 en vue d’une application l’année prochaine. Le président-élu est favorable à une reprise en mai par l’État des négociations sur l’assurance-chômage (aujourd’hui gérées par les partenaires sociaux). Il compte étendre ce droit aux artisans et aux autoentrepreneurs et accorder la possibilité d’être indemnisé en cas de démission, une fois tous les cinq ans.
Deux autres points devraient évoluer en 2018. L’impôt sur les sociétés va commencer à diminuer, à raison de deux points par an pour atteindre 25% en 2022. Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu pourrait être reporté, Emmanuel Macron étant toujours sceptique. Il souhaite mettre en place une expérimentation avant une éventuelle extension à grande échelle.
Sur le long terme : l’unification des régimes de retraite
En 2018, Emmanuel Macron s’attèlera à un projet de grande ampleur : la réforme des retraites. L’ancien ministre de l’Économie devenu président envisage de remplacer les 37 régimes de retraite actuels par un seul et unique régime. Objectif principal : aligner le privé et le public. En revanche, il ne compte pas modifier l’âge de départ à la retraite ou le nombre d’annuités nécessaires.
Contestation en vue. Cette réforme est évoquée depuis des années comme une arlésienne mais rencontre des oppositions récurrentes. Emmanuel Macron doit s’attendre à rencontrer une forte contestation dans la rue, les retraites étant un sujet sensible. Le président-élu espère avoir sur son bureau un projet bétonné en début d’année prochaine. Il faudra ensuite que le texte soit adopté par le Parlement à condition pour Emmanuel Macron d’avoir une majorité pour gouverner.