Les marins de la Scop SeaFrance, qui bloquent depuis lundi le port de Calais, ont étendu mardi leur action à d'autres points névralgiques du trafic transmanche, notamment en bloquant à nouveau le tunnel sous la Manche et les Eurostar. Le trafic dans le tunnel a ainsi été interrompu de 14 à 17 heures. La société Eurotunnel entend ainsi porter plainte.
Un blocage de deux heures avant l'arrivée de la police. Pendant près de deux heures, une trentaine de marins ont bloqué le trafic du tunnel, certains d'entre eux brûlant des tas de pneus sur les voies où ils ont également déposé des plaques de béton, à quelques centaines de mètres à peine de l'entrée du tunnel. Un peu avant 15 heures, les policiers ont interpellé cinq manifestants et emmené une vingtaine de leurs collègues, dans le calme, pour des "contrôles d'identité", selon Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat Maritime Nord, ultra majoritaire au sein de la société coopérative SeaFrance, qui exploite la compagnie MyFerryLink.
Eurotunnel veut porter plainte, le trafic reprend. Suite à ce blocage, Eurostar avait annoncé une interruption de son trafic "jusqu'à nouvel ordre",maintenue malgré l'intervention des forces de l'ordre.
En début de soirée, le groupe Eurotunnel indiquait cependant que le trafic avait repris dans le tunnel sous la manche sur les coups de 17 heures. "Le trafic dans le tunnel a repris depuis 17H00, les navettes (de ferroutage entre Coquelles et Folkestone, ndlr) sont reparties et les Eurostar vont pouvoir remarcher", a indiqué le porte-parole, précisant que le trafic avait été interrompu pendant près de trois heures. Eurotunnel avait fait part peu avant de son intention de porter plainte au pénal avec constitution de partie civile pour mise en danger de la vie d'autrui après l'intrusion des marins.
MyFerryLink bien embourbé. Le contrat de MyFerryLink avec Eurotunnel arrive à son terme le 2 juillet. Eurotunnel avait annoncé la semaine dernière avoir signé avec le transporteur danois DFDS un contrat de location, avec option d'achat en 2017, de deux de ses trois navires (le Rodin et le Berlioz) à compter du 2 juillet.
Les administrateurs de la Scop SeaFrance jugeaient que le préavis concernant les contrats d'affrètement était trop court et réclamaient un délai supplémentaire, mais ils ont essuyé lundi un refus du tribunal. Le 24 juin, la compagnie maritime danoise DFDS Seaways avait annoncé garder 202 des quelque 600 employés de la Scop SeaFrance dans son projet de reprise de deux des trois bateaux de MyFerryLink. Le troisième, employant 120 personnes, serait conservé par Eurotunnel pour le transport de fret.
Opération escargot sur l'A16. Mardi dans le même temps, d'autres marins de la Scop ont entamé une opération escargot sur l'A16 en direction du port de Loon-plage, avec pour objectif avoué d'aller bloquer les navires de DFDS, une action décidée dans la matinée en assemblée générale par quelque 350 personnes, selon Eric Vercoutre. "Nos passagers sont involontairement impliqués au coeur d'une bataille initiée par Eurotunnel, qui a vendu ses ferries à une compagnie concurrente sans préserver les emplois concernés", déplorait dans un communiqué Helen Deeble, directrice générale de P&O Ferries.
Nouvelles tensions, une semaine après. Ces tensions entre marins et Eurotunnel interviennent une semaine seulement après un premier blocage. Mardi 23 juin, "il y a eu une intrusion de personnes en grève du port qui sont rentrées dans notre terminal, se sont mises sur les voies et ont fait brûler des pneus", a expliqué Eurotunnel. Les quelque 200 marins présents sur place avaient ensuite été délogés par des CRS. Le trafic, lui, avait repris le lendemain matin.