La charge de travail d'une partie des cadres de la SNCF est parfois mal encadrée et leur temps de travail "excessif", selon une enquête réalisée à la demande du comité d'entreprise dans le cadre des négociations autour d'un forfait jours. Cette étude qualitative réalisée par le cabinet d'expertise Secafi, montre que le temps de travail hebdomadaire n'est "souvent pas mesuré", et sous-évalué par les cadres et agents de maîtrise, qui ont tendance à ne pas prendre en compte les tâches réalisées le soir ou le week-end. Elle met en garde contre "la pression individuelle intériorisée des individus vis-à-vis d'eux-mêmes", qui conduit à des excès.
Entre 50 et 65 heures par semaine. Ce rapport doit faire l'objet de discussions jeudi entre les organisations syndicales et la direction. Il est basé sur 91 entretiens d'agents de maîtrise et cadres de la SNCF de neuf établissements français, réalisés entre le 11 et le 19 octobre. Certains salariés affirment ainsi travailler entre 50 et 65 heures par semaine, un investissement jugé "excessif" par le rapport. La part des personnels concernés n'est cependant pas précisée. Pour SUD-Rail, hostile au principe même du forfait jours, ces résultats reflètent des "inquiétudes sur des temps de travail excessif, la surcharge de travail, la non déconnexion et les pressions subies."
Le forfait jours. Soulignant les "proportions" des "dérives" constatées, la CGT s'est dite "particulièrement inquiète" si un accord sur le forfait jours était entériné. Pour la CFDT, ces résultats prouvent qu'il existe des dysfonctionnements mais considère, au contraire, qu'ils peuvent être réglés dans le cadre des négociations en cours sur le forfait jours. L'ancienne réglementation du personnel "non soumis à tableau de service", rendue caduque par la réforme ferroviaire, "c'est le forfait jours mais sans les outils de protection et de contrôle", souligne Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT. Le syndicat entend parvenir à l'application de mécanismes d'encadrement de la durée du travail, comme le demande la loi, en proposant son propre projet.
Une hausse de 0,9% des salaires. L'Unsa, qui détient les 30% de voix nécessaires pour signer seule un accord si les forfaits jours n'étaient proposés qu'aux cadres et agents de maîtrise, souhaite que ce rapport permette "des discussions bien au-delà du seul forfait jours", notamment sur l'articulation entre vie professionnelle et vie privée. Le syndicat affirme que sa signature "dépendra de ce qui sera mis sur la table, notamment concernant la rémunération". Selon l'Unsa, la direction proposerait une hausse de 0,9% des salaires, ce qu'il juge insuffisant.
Interrogée par l'AFP, la SNCF n'a pas souhaité réagir avant la réunion prévue jeudi. L'entreprise souhaite parvenir à un accord sur le forfait jours avant début décembre. Entre 23.000 et 30.000 salariés pourraient être éligibles, selon le périmètre retenu.L'encadrement du forfait jours, régime dérogatoire à la durée légale hebdomadaire et aux durées maximales (quotidienne et hebdomadaire), a été renforcé par la loi Travail promulguée en août.