"La crise actuelle, qui est une crise sanitaire, a révélé un peu plus le sujet du grand âge". Invité jeudi de la matinale d'Europe 1, Dominique Libault, président du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale, est revenu sur la piste envisagée par le gouvernement de créer une cinquième branche à la Sécurité sociale. Celle-ci serait dédiée au dossier de la dépendance des personnes âgées et handicapées. "À termes, ça pourrait coûter 10 milliards d'euros minimum", estime l'auteur d'un rapport récent sur le financement de la perte d'autonomie. "C'est ce qu'il faudrait d'ici 2030", indique-t-il.
Un "rééquilibre des dépenses"
"L'objectif est de préparer l'évolution démographique sans précédent" qui s'annonce en France. On s'attend à "un triplement de la population des plus de 85 ans entre aujourd'hui et 2040", poursuit le spécialiste. Une population qui aura besoin d'espace d'accueil, d'équipement mais aussi de personnel soignant et accompagnant. Des personnels qui ont aujourd'hui "besoin d'être valorisés", souligne Dominique Libault.
"Dix milliards, c'est beaucoup, mais aujourd'hui seules 3%" des dépenses de la Sécu sont consacrées à ce sujet. "Cela porterait seulement ce taux à 4%", estime-t-il. Le spécialiste y voit un "rééquilibre des dépenses en tenant compte de l'évolution démographique". Comment le financer, alors que l'année 2020 verra le déficit de la Sécurité sociale bondir à 41 milliards d'euros rien que pour 2020 ?
Une "concertation" est à venir
"On pensait pouvoir rembourser la dette sociale en 2024. La crise actuelle nous remet dans une situation compliquée", reconnaît Dominique Libault. Pour y répondre, le gouvernement veut prolonger la CSG et la CRDS, deux taxes qui avaient vocation à disparaître en 2024, à 2033. Cela permettra notamment de consacrer deux milliards d'euros à la future "cinquième branche" de la Sécu. Mais il reste encore au moins huit milliards à trouver, donc.
"Le gouvernement a annoncé une concertation pour voir quelles autres mesures seront prises", indique Dominique Libault. Qui insiste, toutefois : "Tout n'est pas que financier".