La France a accueilli "entre 82,5 et 83 millions de touristes" en 2016, d’après le bilan fait par le ministre des Affaires Étrangères Jean-Marc Ayrault, vendredi. Ce chiffre, le plus faible depuis 2012, était attendu car les conséquences des attentats de 2015 et 2016 se font toujours sentir. Malgré tout, le redressement observé en fin d’année incite à l’optimisme.
Les attentats toujours en mémoire. En 2015, la fréquentation touristique avait atteint un niveau record, avec 84,5 millions de visiteurs étrangers, malgré les attentats qui avaient frappé la France en janvier puis en novembre. Les professionnels avaient alors prévenu : l’impact se sentirait en 2016. Préoccupation justifiée, d’autant que l’attentat de Nice en juillet est venu renforcer les craintes sur la sécurité des lieux touristiques. La France a accueilli 2,5% de touristes en moins cette année par rapport à 2015.
Conjonction de facteurs négatifs. Les chiffres du gouvernement viennent confirmer ceux de l’Insee qui indiquait mardi que le nombre de nuitées avait diminué de 1,5% en 2016 par rapport à 2015, pour un total de 325.000 nuits réservées dans les hébergements collectifs touristiques. "2016 va rester une année à part, à cause des attentats, des intempéries et des mouvements sociaux", a relevé Jean-Marc Ayrault lors d'une conférence de presse à Biarritz. Des éléments dont l’impact sur le tourisme est difficile à mesurer précisément mais qui ont bel et bien handicapé l’économie française dans son ensemble.
Renversement de tendance. Derrière ces chiffres annuels en demi-teinte se cache un redressement entamé lors des derniers mois de 2016. Le nombre de nuitées enregistrées au quatrième trimestre 2016 a rebondi de 3,9% par rapport à la même période en 2015, compensant largement le repli de 1,8% observé à l’époque par rapport à 2014. Cette belle activité est due aux touristes français (+4,3%), mais aussi aux visiteurs étrangers qui reviennent (+2,9%).
Des difficultés pour Paris. L’Insee précise toutefois que toutes les régions ne bénéficient pas du retour des touristes dans les mêmes proportions. Sans surprise, les établissements d’hébergement d’Île-de-France sont toujours à la traîne (+4,5%) par rapport à ceux situés en régions (+6,9%). Un retard confirmé par les dernières données concernant le Grand Paris qui a souffert en 2016 d’une baisse de 6% des réservations hôtelières, avec jusqu’à -10% d’étrangers. Mais le retour à la normale se précise à Paris. Le cabinet spécialisé MKG a fait état d’un "sérieux rebond d’activité" pour l’hôtellerie parisienne en janvier.
Prudence chez les professionnels. Progressivement, c’est donc l’ensemble du territoire français qui retrouve ses touristes. La dynamique enclenchée depuis quelques mois devrait permettre au secteur touristique de retrouver dès l’an prochain le niveau record de 2015. Les bons chiffres du dernier trimestre doivent cependant être pris avec prudence, rappellent les professionnels du secteur. Certes, une dynamique est enclenchée, mais la reprise reste fragile. Roland Héguy, président de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, a récemment souligné que "sur la fin d'année 2016 et le début 2017, c'est le tourisme d'affaires qui tire le tourisme, mais n'oublions pas qu'il manque toujours à l'appel le tourisme loisirs de groupe, notamment à Paris".
Le Louvre, un symbole. Il faudra notamment suivre le cas du Louvre. En 2016, le musée le plus visité du monde a souffert d’une baisse de fréquentation de 15%. Le Louvre est particulièrement dépendant des touristes étrangers puisqu’ils représentent 75% des visiteurs. Or, ils mettent plus de temps à revenir que les Français. Le nombre d'Américains a baissé de 18% l’an dernier au musée, mais ce sont surtout les Japonais (-61%), les Chinois (-31 %) ou les Brésiliens (-47 %), qui ont fait défaut. La récente attaque de militaires au Carrousel du Louvre pourrait bien fragiliser la reprise observée par le musée.
Objectif 100 millions en 2020. Plus globalement, Jean-Marc Ayrault s’est voulu rassurant quant au retour des touristes étrangers. Il a notamment insisté le rôle du "plan de promotion" de la France dans le monde. Selon le ministre, on assiste désormais à un retour massif de la clientèle nippone avec "des réservations aériennes en hausse de 60% vers Paris pour le premier trimestre 2017". Les autres devraient suivre dans le courant de l’année 2017. Signe de sa confiance, le gouvernement a confirmé vouloir atteindre la barre symbolique des "100 millions de touristes en 2020".