Deux cadres brutalisés dont un DRH qui y laisse sa chemise. Deux jours après les incidents survenus lors du comité central d'entreprise (CCE) d'Air France consacré un plan de restructuration prévoyant 2.900 suppressions de postes, l'heure est à l'enquête visant à identifier les auteurs de ces violences. Sur ce plan, deux fronts sont ouverts : l'un interne à l'entreprise, l'autre judiciaire.
• LE CONTEXTE. Plusieurs centaines de salariés ont fait irruption lundi dans les locaux d'Air France où se tenait un comité central d'entreprise (CCE) consacré à un plan de restructuration prévoyant 2.900 suppressions de postes, et deux dirigeants ont été molestés. Sept personnes ont été blessées dans les incidents, dont cinq employés d'Air France et deux vigiles dont un a été grièvement atteint, selon la direction.
En interne, une dizaine de "coupables" identifiés. Chez Air France, l'enquête interne s'appuie sur les images des incidents qui ont permis d'identifier "une vingtaine de salariés d'Air France dont une dizaine qui ont un mandat syndical, FO et CGT essentiellement". On souligne toutefois de même source la difficulté de distinguer les agresseurs, des personnes qui s'interposent pour protéger les cadres d'Air France malmenés. Ainsi, parmi ces 20 personnes identifiées, une dizaine seraient "coupables dans les bousculades et les violences".
"Deux pilotes, complices de l'intrusion des manifestants en ouvrant un accès avec leur badge" ont pu être identifiés ainsi que quatre personnes parmi les manifestants "qui arrachent une grille d'accès". Ces derniers seraient "des membres de la CGT cargo". Une femme ayant "désactivé une caméra discrète à l'entrée de la salle (de réunion) a été identifiée comme faisant partie du personnel au sol". Le travail sur les images se poursuivait mercredi et une "vingtaine de personnes" restaient à identifier, selon la même source. La direction d'Air France a déjà fait savoir que des sanctions disciplinaires seront prises pouvant aller jusqu'au licenciement.
Sur le plan judiciaire, 10 plaintes déposées. Sur le plan judiciaire, l'enquête ouverte en flagrance par le parquet de Bobigny en est à ses prémices. Dix plaintes ont été déposées "pour des fait violences". Six émanent de vigiles, pour des faits, selon L'Express, de "violences en réunion" ayant entrainé une ITT inférieure à huit jours. Sur le plan pénal, ces faits sont passibles de trois ans de prison et de 45.000 euros d'amende. Trois cadres d'Air France ont également déposé plainte, ainsi que l'entreprise elle-même, pour "entrave au CCE" et "dégradations", selon une source judiciaire.
Pour l'heure, aucune identification ou audition de responsables de ces violences n'a encore été réalisée dans le cadre de l'enquête judiciaire. Toutefois, des auditions de victimes et de témoins sont actuellement menées et "des responsabilités sont clairement en train d'être établies grâce aux images d'Air France et de l'aéroport, et aux images de presse", a précisé de son côté une source proche de l'enquête.
Valls espère "la plus grande sévérité". Le Premier ministre Manuel Valls a renouvelé mercredi le soutien de l'Etat à la direction d'Air France et souligné que ces agressions relevaient "d'abord du pénal". "Je ne peux qu'espérer la plus grande sévérité", a-t-il dit, après avoir promis la veille des "sanctions lourdes" contre ceux qu'il a qualifié de "voyous".