Violences sur les Champs-Elysées : "L'image qui a été donnée inquiète les touristes"

© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
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Maud Descamps et Romain David

Les débordements qui ont accompagné le mouvement de grogne des dernières semaines ont commencé à faire fuir les touristes. Au grand dam des professionnels d'un secteur qui se redresse tout juste après une année noire en 2016.

Le mouvement des gilets jaunes va-t-il faire fuir les touristes ? Les professionnels du secteur sont inquiets et constatent déjà des annulations et des réservations en baisse. À trois semaines des vacances de Noël, le bilan pourrait être lourd pour l'hôtellerie et la restauration.

Dans la restauration, ce sont jusqu'à -50% d'activité enregistrée sur les trois derniers week-ends sur toute la France. Du côté des hôteliers, l'effet "gilets jaunes" se fait aussi sentir, avec déjà 15% de chiffre d'affaire en moins et des annulations pour les prochaines semaines, essentiellement à Paris.

La stupeur des touristes. "What's going on ?", s'interrogeait samedi une touriste devant les violences autour de la place de l'Etoile et de l'Arc de Triomphe, un lieu habituellement cerné par les cars d'étrangers venus descendre la "plus belle avenue du monde" ou profiter de la vue à 360 degrés qu'offre le monument. Les scènes de ce genre, ici rapporté par Ouest France, se sont multipliées ces trois dernières semaines. Certains touristes ont même écourté leur séjour le week-end dernier. "J'étais effrayée, mais les responsables nous on dit qu'on ne pouvait pas annuler", glisse au Parisien une américaine venue passer deux jours dans la capitale. "Vous avez une si belle ville et vous la détruisez. Pourquoi vous vous faites tant de mal ?", interroge également une jeune Espagnole, toujours dans les colonnes du quotidien francilien.

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Mauvaise presse. Roland Héguy, président confédéral de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, appelle à une sortie de crise rapide. "On sait que les vacances de Noël sont très fragilisées et perturbées. Il faut que le gouvernement reparle avec les 'gilets jaunes" et reviennent sur des négociations apaisées", plaide-t-il auprès d'Europe 1.

Mais pour de nombreux professionnels, le mal est déjà fait : il faudra des mois pour reconstruire l'image de la France à l'étranger, alors même que le secteur sort tout juste de la crise qui avait suivi les attaques terroriste de 2015. "On pensait que ça se passait uniquement dans les banlieues, loin de Paris. Ça a été un gros événement. On a vu les images partout, même aux États-Unis", confiait à Europe 1 une touriste américaine croisée après la mobilisation du 24 novembre sur les Champs-Elysées.

La sécurité, un facteur primordial pour certains visiteurs. Selon Didier Chenet, président du Syndicat National des Hôteliers et Restaurateurs, la clientèle asiatique reste la plus sensible à ce type d’événement. "L'image qui a été donnée inquiète les touristes, notamment les touristes asiatiques pour qui la sécurité est quelque chose de non négociable. S'il n'y a pas de sécurité, ils ne viendront pas", avertit le syndicaliste.

Et ce climat de violence impacte aussi les Français qui ont moins envie de partir en vacances. Chez Voyageur du monde, par exemple, on enregistre une baisse de 10% de réservations par rapport à l'an dernier.