21 ans plus tard, l'Alpine est (presque) de retour. Renault a dévoilé mardi le "show car" Alpine Vision, c'est-à-dire un modèle à mi-chemin entre le prototype et le modèle de série. Mais le PDG de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, l'a promis : le modèle de série qui sera dévoilé en fin d'année et commercialisé à partir de 2017 sera "très proche, très proche" de cette Alpine Vision. Le design de ce "show car" était donc attendu avec impatience et respecte l'héritage de la "Berlinette". En voici les premières images.
Ce que l'on sait déjà sur l'Alpine. Doté d'un moteur quatre cylindres turbo, l'Alpine Vision peut atteindre 100 km/h en moins de 4,5 secondes. Renault ambitionne ainsi de s'attaquer au segment des sportives premium. En clair, elle devra rivaliser avec les Porsche Cayman, Jaguar F-Type, Alfa Romeo 4C et Lotus Elise S.
Fabriquées à Dieppe, les futures Alpine seront vendues d'abord en Europe, puis en dehors du continent à terme, a assuré le PDG Carlos Ghosn, qui a dit voir en Alpine "une façon évidente d'entrer sur le marché des voitures de sport 'premium'" et d'aller chercher de nouveaux clients.
Un pari risqué pour une marque française ? S’il est fréquent de voir des marques allemandes proposer des modèles sportifs et légers, c’est beaucoup moins le cas du côté des constructeurs automobiles français. L’Alpine version 1995 est d’ailleurs la dernière "voiture plaisir" à avoir été commercialisée par un constructeur français, catégorie dans laquelle on peut potentiellement inclure également la Peugeot 406 Coupé Pininfarina.
Les constructeurs français ont délaissé ce segment depuis longtemps. Un marché dominé par le trio BMW-Audi-Mercedes : en dehors des inaccessibles Ferrari ou Lamborghini, la R8 d’Audi, la Mercedes AMG GT et la BMW M6 Coupé monopolisent ce secteur en Europe. Quand on connait les difficultés des Français à vendre des berlines haut de gamme, on peut s’interroger sur la viabilité du projet Alpine, qui s’adresse à un public encore plus restreint. Mais l’essentiel est probablement ailleurs.
De l’importance de vendre du rêve. En effet, avec sa "berlinette du XXIe siècle", Renault ne cherche probablement pas seulement à vendre ses voitures : l’objectif est aussi, voire surtout, de muscler l’image de la marque. Car même s’il se vend peu, un modèle qui fait que les passants se retournent dans la rue vaut toutes les campagnes de publicité.
Une dimension symbolique que d’autres marques ont bien compris : si Fiat a totalement délaissé le secteur des sportives, il imprime encore une image de marque avec la 4C Spider produite par sa filiale Alfa Romeo. Une stratégie également suivie par Ford, qui a décidé de commercialiser en Europe la Mustang. Ce modèle boxe dans une catégorie inférieure, hormis pour la déclinaison GT, mais le blason du constructeur en ressort redoré. A l’inverse, les marques qui ne produisent aucun modèle marquant les esprits pâtissent d’une image un peu trop terne, comme c’est le cas d’Opel, Kia ou encore Mazda.
Le groupe PSA, de son côté, a maintenu la tradition du coupé sportif avec la RCZ. Mais il s’agit d’un modèle bien plus modeste et on peut se demander s'il ne manque pas chez Peugeot un modèle comme la 406 Coupé Pininfarina. D’ailleurs, le dernier concept-car du constructeur, le SR1, y ressemble étrangement : une commercialisation d’un tel coupé parachèverait le changement d’image des marques françaises, auxquelles on reproche d’être trop sages et axées sur le milieu de gamme. Or, le nouveau PDG du groupe Carlos Tavares est justement l’un de ceux qui ont le plus milité, lorsqu’il était encore chez Renault, pour relancer la marque Alpine. Et s’il décidait de rééditer cette stratégie chez PSA ?