Voiture électrique, rénovation thermique ... Une étude décortique les coûts dissuasifs

Voiture électrique, rénovation thermique ... Une étude décortique les coûts dissuasifs
Voiture électrique, rénovation thermique ... Une étude décortique les coûts dissuasifs © Mathieu Thomasset / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP // Crédit photo : Mathieu Thomasset / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Malgré l'augmentation des aides de l'État, acheter une voiture électrique ou investir dans la rénovation thermique de son logement a un coût encore trop important pour une majorité des Français, selon l'Institut de l'économie pour le climat I4CE : "Les conditions économiques ne sont pas réunies aujourd'hui pour que tous les ménages investissent".

Acheter une voiture électrique ou investir dans la rénovation thermique de son logement, cela a un coût qui reste dissuasif pour une majorité de Français malgré l'augmentation "significative" des aides, selon l'Institut de l'économie pour le climat I4CE, un think thank français. 

Particularité de cette étude publiée jeudi en plein débat budgétaire au Parlement : elle analyse dans le détail la mécanique du budget des ménages. Quel est le reste à charge si on change de chaudière ou de fenêtres tout en isolant ? Quel est le temps de retour sur investissement si on s'achète une voiture électrique ? Quelles économies d'énergie ou de carburant peut-on attendre comparées aux mensualités de prêt si l'on s'endette ? Conclusion : "les conditions économiques ne sont pas réunies aujourd'hui pour que tous les ménages puissent investir", avec le risque que cela "génère un rejet des politiques de transition" et conduise "collectivement dans une impasse".

"Le financement du reste à charge continue de se heurter à [la] capacité d'endettement" des ménages"

Ce constat sans appel n'est pas sans remède. Les auteurs, qui soulignent au passage que les freins à la transition énergétique ne sont pas uniquement pécuniaires, mais dus notamment aux démarches administratives, suggèrent au législateur des pistes de changement pour les onze programmes d'aide actuels (six pour la rénovation, dont la TVA à 5,5% sur les travaux depuis 1999, cinq pour la mobilité électrique).

L'argent public prend en charge 25% à 60% de l'investissement, selon les barèmes. De plus en plus indexées sur les revenus, ces aides sont "environ deux fois plus élevées pour les ménages modestes que pour les ménages aisés". Des effets de seuil brouillent cependant la prise de décision pour une moitié de la population, ceux qui ne sont ni pauvres ni riches : "ils font varier les montants d'aide de plusieurs milliers d'euros", relève l'étude. L'étude distingue trois catégories, les 30% de ménages "modestes" avec les revenus les plus bas, les 20% de ménages "aisés" avec les revenus les plus hauts, et les classes moyennes qui représentent la moitié de la population.

 

Même avec un prêt à taux zéro, souligne cependant l'institut, "le financement du reste à charge continue de se heurter à [la] capacité d'endettement" des ménages : cela se chiffre en dizaines de milliers d'euros, et représente plus d'un an de revenus pour les classes moyennes, et dix ans ou plus pour les ménages les plus modestes. Concernant les voitures, "lorsqu'on compare l'achat d'une citadine électrique standard neuve avec le fait de garder une vieille voiture essence, cet investissement ne se rentabilise sur 20 ans pour aucun ménage", relève l'étude. 

En revanche, l'achat d'un véhicule électrique neuf par rapport à son équivalent neuf thermique "est rentable en moins de six ans" grâce aux économies de carburant.  Sauf que l'acquisition "pose un problème de trésorerie" : même avec les aides, il faut sortir de sa poche entre 10.000 et 40.000 euros pour une voiture neuve et une borne de recharge selon les modèles.

Le marché de l'occasion des véhicules électriques "encore peu développé"

Aucun salut n'est à attendre des sociétés de location avec option d'achat ou leasing, qui "en France facturent 56% de plus pour la location d'un véhicule électrique à batterie par rapport à un équivalent thermique". Reste le marché de l'occasion, privilégié par une majorité d'automobilistes français. Il est cependant "encore peu développé" en électrique et, méfiance, il y a "un problème de compatibilité des véhicules électriques déjà anciens avec les systèmes de recharge actuels ayant connu un progrès technologique rapide", soulignent les auteurs.

"Une hausse des aides entre 10% et 50% serait nécessaire pour les ménages modestes et le début des classes moyennes", ainsi qu'une augmentation du bonus pour les plus modestes, suggère I4CE. Quant aux rallonges annoncées par le gouvernement pour les aides à la rénovation des logements MaPrimeRenov' en 2024, I4CE suggère "un rebasculement d'une partie des aides des ménages les plus aisés" pour financer une augmentation de plus de 20% des aides aux ménages modestes et à la première moitié des classes moyennes, quitte à user de la réglementation pour pousser ceux qui ont les moyens à investir.