La "tricherie" de Volkswagen prend désormais une dimension mondiale. Le constructeur allemand est accusé d'avoir truqué les tests anti-pollution effectués sur ses voitures diesel. Le groupe, menacé d'une amende de 16 milliards d'euros aux Etats-Unis, a déjà perdu près de 20 milliards de capitalisation boursière. Et cela ne s'arrête pas là : des enquêtes s'ouvrent un peu partout sur la planète. Pourtant, la supercherie aurait pu passer totalement inaperçue, sans la vigilance d'une ONG américaine : l'International Council on Clean Transportation.
La BMW dans les clous, les Volkswagen non. Il y a deux ans, cette organisation non-gouvernementale basée aux Etats-Unis et en Allemagne contacte des chercheurs de l'université de Virginie Occidentale... pour tenter de démontrer que les voitures vendues au US polluaient moins que les autres. Mais ces derniers, après des tests indépendants réalisés sur une VW Jetta et une VW Passat, mettent au contraire à jour d'étranges écarts entre les émissions réelles de gaz dégagées par les voitures de la marque, et celles déclarées lors des tests réglementaires effectués par les autorités américaines. Les chercheurs testent également une BMW X5 qui, elle, entre dans les clous.
Les autorités prennent le relai. L'ONG transmet alors ses résultats à l’Agence de protection de l’environnement (EPA) et le California Air Ressources Board (Carb) qui réaliseront ensuite leurs propres tests. A chaque fois, le verdict est sans appel : les voitures diesel Volkswagen explosent les plafonds autorisés lorsqu'elles sont testées en condition réelle. Début septembre, Volkswagen finit par avouer avoir placé dans ses véhicules un logiciel capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis à un test de mesure anti-pollution des autorités.
"VW a reconnu avoir conçu et installé un dispositif de mise en échec sur ces véhicules sous la forme d’un algorithme logiciel sophistiqué qui détectait quand un véhicule passait des tests sur ses émissions", déclare vendredi dernier l’EPA dans son avis d’infraction adressé à Volkswagen.
"On a été surpris". Ironie du sort : si l'ONG a contacté les chercheurs, c'était, donc, à l'origine, pour prouver que les voitures vendues sur le sol américain étaient moins polluantes que dans le reste du monde, car soumises à des normes plus strictes. Volkswagen, qui se vantait au fil des pubs de proposer des voitures diesel propres, avait été choisie pour montrer l'exemple.
"On peut dire qu'on a été surpris. Nous ne soupçonnions absolument pas que des voitures Volkswagen puissent être équipées de 'logiciels trompeurs'", reconnaît Drew Kodjak, responsable de l'ONG, dans un entretien donnée lundi à l'AFP. "Le constructeur allemand a pourtant de solides antécédents en termes de respect de l'environnement. C'est ainsi le premier à avoir annoncé qu'il allait se conformer aux règles européennes d'émission de CO2 en avance sur le calendrier prévu", poursuit-il. Et selon le militant, des écarts ont aussi été constatés en Europe. "Il appartient aux régulateurs du continent de déterminer s'ils sont oui ou non en présence d'un 'logiciel trompeur'".