Volkswagen et sa gamme Bluemotion, censée être synonyme de lutte contre la pollution, sont dans l'oeil du cyclone depuis que la justice américaine l'a accusé de tromperie aux normes antipollution. Le constructeur allemand aurait tout simplement paramétré ses moteurs pour truquer les contrôles. Une affaire "très grave" aux yeux de Nicolas Le François, journaliste spécialiste du secteur automobile, qui redoute que ce ne soit que la partie émergée de l'iceberg : "on a de très forts soupçons qu’ils ne soient pas les seuls", a-t-il prévenu sur Europe 1.
Ces révélations sont "très graves puisque on sait comment cela se passe aux Etats-Unis : lorsque vous avez trompé la confiance d’un consommateur, il est extrêmement difficile de remonter la pente. Or là, ce n’est pas juste un petit accroc, un oubli ou quelque chose comme cela puisqu’on parle de pas loin d’un demi-million de véhicules concernés. 482.000 à peu près. Et cela dure depuis 2009", a prévenu Nicolas Le François.
Un scandale qui "va être mondial". "Pour l’instant, les soupçons portent exclusivement sur un moteur : le 2 litres TDI dans le groupe Volkswagen - Audi. Avec Seat, Skoda, ils utilisent des moteurs en commun, il n’y a donc aucune raison que ça ne touche pas les autres marques du groupe dans la mesure où le moteur est le même sur toutes les marques du groupe", a-t-il détaillé. Mais le scandale pourrait ne pas être limité aux seules marques du groupe de Wolfsburg : "on ne voit pas pourquoi un constructeur comme Volkswagen le ferait et les autres s’en priveraient".
Et Nicolas Le François d'ajouter : "pour l’instant on n’en sait rien mais on a quelques soupçons. On a une association basée à Bruxelles, Transport et environnement, qui regroupe une cinquantaine d’organisme. Elle a fait des tests sur 23 véhicules, des Audi, BMW, Mercedes, Citroën, Opel : ils n’ont nommé personne mais il y a de très forts soupçons".
Des voitures qui ont quand même fait des progrès. Malgré ces révélations, Nicolas Le François assure que les constructeurs automobiles ont réalisé des progrès significatifs en matière de lutte contre la pollution. "Il y a eu d’énormes progrès qui ont été faits à travers les normes réglementaires. Sur un diesel moderne qui respecte les normes Euro 6, certains polluants ont diminué de 90%. Aujourd’hui, les particules ne sont plus mesurables sur un diesel moderne", a-t-il souligné.
"Les normes pollution sont de plus en plus drastiques. On en est aujourd’hui aux normes Euro 6, on a fait des progrès extraordinaires pour abaisser les rejets polluants. Sauf que cela demande de beaucoup, beaucoup, beaucoup travailler sur les moteurs et de beaucoup investir. Les petites citadines diesel ont par exemple disparu de nos villes ces dernières années parce que cela coûtait à peu près 2.500 euros de les dépolluer sur une voiture à 9.000 euros. Cela ne vaut pas le coup", a-t-il assuré.