Le portail internet Yahoo! se cherche un avenir et visiblement ce dernier est plus qu’incertain : le conseil d'administration de l’entreprise a en effet prévu de se réunir plusieurs jours de suite, de mercredi à vendredi, pour décider des nouvelles orientations du groupe. Signe que les temps sont durs, la vente des activités en ligne du groupe est même envisagée.
Yahoo!, un géant en perte de vitesse. Yahoo! est l’une des rares entreprises à avoir survécu à l’éclatement de la bulle Internet en 2000 et a fêté en 2014 ses vingt ans, une longévité rare dans le secteur. Yahoo ! figure toujours parmi les trois sites les plus fréquentés aux Etats-Unis, selon ComScore et reste dans le top 5 des sites les plus fréquentés au monde, selon Alexa. Le groupe a en effet plusieurs atouts : un moteur de recherche très connu, une messagerie en ligne, sans oublier un portail d’informations populaire.
Sur le papier, Yahoo! va donc bien et reste un mastodonte dans son secteur. Sauf que l’envers du décor est bien plus inquiétant : depuis 2009, Yahoo ! a conclu un accord avec Microsoft pour utiliser l’algorithme de son moteur de recherche Bing. Et il vient de faire de même avec Google pour utiliser sa technologie de ciblage publicitaire. Bref, l’entreprise n’assure plus son cœur de métier. Du côté des finances, ce n’est guère mieux : si les sites du groupe sont toujours fréquentés, ce dernier rentabilise de moins en moins ce trafic. Facebook, qui connaît bien mieux ses utilisateurs, réussi à vendre ses publicités bien plus chères. Sans oublier que Yahoo ! est passé à côté de l’essor des réseaux sociaux et a mis du temps à prendre la mesure de l’essor de l’internet mobile. Résultat, les revenus du groupe ne cessent de reculer.
Une patronne sur la sellette. Pour redresser la barre, Yahoo ! a donc décidé il y a trois ans de débaucher chez son grand rival Google. Marissa Mayer a alors pris les commandes du groupe et insufflé une nouvelle dynamique. La messagerie Yahoo! Mail a été entièrement revue et la retransmission en direct de compétitions sportives de jeux vidéos a rencontré un grand succès. Yahoo ! a également acheté le site de micro-blogging Tumblr et une multitude de start-up. Si cela a permis de freiner la baisse de fréquentation, la courbe des résultats financiers ne s’est pas retournée depuis.
Résultat, Marissa Mayer est désormais menacée, la question de son remplacement ayant de grandes chances d’être abordée lors des différentes réunions de conseil d’administration cette semaine. "Les derniers jours de Marissa Mayer ?", a d’ailleurs titré l’hebdomadaire Forbes. Le malaise est en tout cas profond, ce qui a conduit l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé sa perspective à long terme sur l’entreprise, qui est désormais "négative".
Les actionnaires multiplient les coups de pression. Les compétences de Marissa Mayers ne sont pourtant pas les seules à susciter le débats : cette dernière a d’abord le malheur de faire face à l’âge d’or de Google mais aussi d’être mise sous pression par ses actionnaires. Et notamment par le fonds spéculatif Starboard Value, qui est très actif dans ce dossier.
Ce dernier redoute de perdre sa mise et fait tout pour limiter la casse. Une partie des actionnaires ont donc fait pression pour que Yahoo! vende sa pépite : les 15% qu’il détient dans le capital d’Alibaba, une petite société chinoise devenue entretemps un géant du commerce en ligne. Aujourd’hui, cette participation est estimée à environ presque 33 milliards de dollars… alors que le groupe Yahoo ! lui-même est valorisé 34 milliards de dollars. Mise sous pression, la direction de Yahoo! a accepté une telle vente et mis en place un montage financier complexe pour éviter que cette opération soit imposable. Las, le fisc américain a prévenu qu’il empêcherait la vente si le groupe tentait de contourner l’impôt.
Yahoo! va-t-il vendre ses activités en ligne ? Le rappel à l’ordre du fisc américain a dissuadé les actionnaires de valider l’opération. Mais les plus virulents souhaitent toujours récupérer le maximum d’argent, signe que leur confiance dans l’avenir de Yahoo ! est très limitée. Le fonds Starboard Value aurait même proposé que Yahoo ! vende ses activités en ligne, c’est-à-dire le cœur de son métier, pour pouvoir redistribuer de l’argent à ses actionnaires en payant le moins d’impôts. Les conseils d’administration qui se tiennent de mercredi à vendredi s’annoncent tendus.
>> Mise à jour du 09 décembre 2015 : Yahoo! a annoncé mercredi qu'il renonçait à vendre sa participation dans Alibaba et envisageait désormais un autre scénario : céder ses activités en ligne pour les transférer dans une autre structure. Ce qui signifie que la société Yahoo! traditionnel ne servirait plus qu'à détenir une part du capital d'Alibaba. Quand à Marissa Mayer, elle est pour l'instant maintenue à son poste;