Les dirigeants de trois grands opérateurs télécoms français, Orange, SFR et Bouygues Telecom, exhortent le parlement à revoir les orientations d'un projet de loi visant notamment à supprimer les zones sans réseau en téléphonie mobile. Celui est contre-productif, assurent-il dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche.
"Nous sommes très préoccupés par le débat parlementaire sur la couverture numérique du territoire, en particulier l'examen du projet de loi relatif à la montagne. Les intentions du législateur en la matière sont parfaitement louables mais ses orientations nous paraissent contre-productives", écrivent les PDG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, d'Orange, Stéphane Richard et de SFR, Michel Paulin dans leur lettre commune.
Examen au Parlement. Après l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale, le Sénat a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi des dispositions visant à supprimer les zones blanches - c'est-à-dire sans réseau - en téléphonie mobile. Il a notamment donné une définition législative de ces zones afin d'améliorer la couverture numérique du territoire. Une commission mixte paritaire doit à présent trouver une version commune aux deux chambres.
"Au législateur, nous voulons dire avec respect et franchise que vouloir décider par la loi, à la place des opérateurs, les modalités selon lesquelles ils devront investir et construire leurs réseaux mobiles dans des parties entières du territoire, en les contraignant à adopter certaines formes d'organisation et de mutualisation de leurs installations, n'aura pas l'effet attendu", ont prévenu les dirigeants.
Plusieurs milliards investis. "Loin d'encourager l'investissement et l'amélioration de la couverture, cela contribuera à bouleverser l'économie de notre secteur", estiment-ils. Or, assurent les PDG, le secteur des télécoms a réalisé près de 8 milliards d'euros d'investissements en 2015 pour déployer et entretenir les réseaux.
"Pour cet effort continu d'investissement en faveur des territoires, nous n'attendons pas de félicitations. Un peu de modération fiscale et de sagesse réglementaire nous suffirait...", plaident-ils, appelant "le législateur à réexaminer, à l'occasion de la commission mixte paritaire demain (lundi, NDLR), toutes les dispositions adoptées par le Sénat".