Angélique du Coudray, de l’art des accoucheuses

En diffusant le savoir sur l’art de l’accouchement, elle a fait reculer la mortalité infantile : c’est Angélique du Coudray ! Dans un récit inédit, Virginie Girod vous raconte l’histoire de la première sage-femme enseignante !
Angélique du Coudray naît au début du XVIIIe siècle. A cette époque, les sages-femmes à proprement parler n'existent pas. On parle de "ventrière", et il n’y a qu’un seul lieu de formation dans toute l’Europe. Elles sont donc rares et travaillent auprès des puissants. Partout ailleurs, ce sont les femmes de confiance qui accouchent les futures mères. On les appelle des matrones et leur expérience est surtout empirique. Après s’être formée à Paris, Angélique se met à travailler à son compte et s’impose sans peine comme une sage-femme incontournable. En 1754, le seigneur de Thiers, en Auvergne, lui demande de venir s’installer dans sa région natale, où la mortalité infantile est très élevée, ce que la société a de plus en plus de mal à accepter. Angélique du Coudray accepte cette nouvelle mission, et commence à former des dames à l’art de l’accouchement.

Elle devient ainsi professeure itinérante d’obstétrique. Le mannequin qu’elle a conçu pour illustrer ses enseignements est particulièrement remarquable. Si elle n’en est pas l’inventrice, le sien est le plus précis. Toute l’anatomie de la femme enceinte est représentée et le périnée, le muscle qui forme le plancher pelvien, peut être serré ou desserré au moyen de lanières. De cette façon, L’apprentie sage-femme peut s’entrainer à aller chercher le bébé de chiffon.

En un peu plus de 25 ans, Angélique du Coudray a formé environ 5.000 sages-femmes et 500 chirurgiens à travers tout le royaume. Mais elle ne vivra pas assez vieille pour voir le métier se professionnaliser intégralement. Après avoir passé le flambeau à sa propre nièce, elle s’éteint en 1794.