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SAISON 2019 - 2020

Plus de 700 ans plus tard, ses récits de voyages continuent de faire rêver dans le monde entier. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars brosse le portrait d'un marchand italien célèbre pour son long voyage en Chine : Marco Polo.

Son voyage en Chine va durer… près de 25 ans. Plusieurs générations plus tard, il continuera de faire frémir et rêver les globetrotteurs. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous raconte l’histoire de Marco Polo. 

Dans les années 1280, après plusieurs missions au sud et au sud-ouest de la Chine, Marco Polo est nommé par l'Empereur Kubilaï Khan gouverneur de la ville de Hangzhou, située au sud-est de Shanghai, qui n’existe pas à l’époque. C’est un immense honneur car c’est une des plus belles et plus riches cités de l'Empire.

Kubilaï est un empereur mongol. Il est le petit-fils de Gengis Khan. Il règne depuis 1260 et a plus de 60 ans. Maître de la Chine du nord à son avènement, il a mené, de 1267 à 1276, la conquête de la Chine méridionale et détruit la dynastie des Song. C’est un homme généreux et habile. Il se comporte avec une remarquable humanité à l’égard des vaincus. Le dernier empereur Song, un enfant, est envoyé dans un monastère bouddhiste où il passera sa vie.

Dès 1271, Kubilaï donne à sa dynastie le nom chinois de Yuan. Il adopte la civilisation chinoise, favorise le bouddhisme, protège les lettres et mène une vie de cour fastueuse. Hangzhou est la perle de la Chine du sud.

L’écrivain Italo Calvino, dans son livre Villes Invisibles, imagine la rencontre entre l’Empereur et Marco Polo, dans cette ville construite sur un fleuve, avec de nombreux canaux... comme Venise. Ecoutons Italo Calvino : "Et il avançait sa main baguée hors du baldaquin de soie du Bucentaure impérial, et il montrait les ponts arqués par dessus les canaux, les palais princiers dont les seuils de marbre baignaient dans l’eau, le va-et-vient des bateaux légers qui voltigeaient en zig-zag sous la poussée de longues rames, les chalands qui déchargeaient les corbeilles de légumes sur les places des marchés, les balcons, les terrasses, les coupoles, les campaniles, les jardins dans les îles qui verdoyaient sur le gris de la lagune. L’Empereur, accompagné de son dignitaire étranger, visitait Hangzhou, antique capitale des dynasties détrônées, dernière perle enchâssée dans la couronne du Grand Khan".

L’Empereur demande à Marco Polo s'il a jamais vu une ville plus belle. Il lui répond que non. Le souverain aime bien que Marco Polo lui raconte ses voyages, lui décrive les villes qu’il a visitées pour lui. Marco Polo s’exécute de bon cœur. "Il y en a une dont tu ne m’as jamais parlé" dit l’Empereur, "c’est Venise". Marco Polo lui répond que chaque fois qu’il fait la description d’une ville, il dit quelque chose de Venise. Mais qui est donc Marco Polo, devenu un confident et un familier de l’Empereur de Chine ?

Un destin déjà écrit

Lorsque Marco Polo naît à Venise en 1254, son destin est pratiquement déjà écrit. D’abord parce qu’il naît dans une grande famille de riches marchands. Il sera donc marchand lui aussi. Ensuite, parce que lorsqu’il naît, son père est parti depuis plusieurs mois avec son oncle pour un grand voyage commercial. On restera sans nouvelles d’eux pendant seize ans... Son père, Nicolo, et son oncle Matteo étaient suffisamment aisés pour avoir une belle demeure à Venise, une maison à Constantinople et une succursale à Soldaiä, au nord de la Mer noire, près de l’actuelle Yalta... 

Ils quittent donc Venise en 1253, leurs bateaux chargés de marchandises. Ils font escale à Constantinople puis à leur comptoir de Soldaia. De là, ils partent à cheval jusqu’à la Cour de Berké, souverain mongol de la Horde d’Or, près de la Volga. Ils y passent un an. Ils sont très bien reçus. Au moment où ils songent rentrer à Venise, une guerre en Crimée les en empêche. Alors, ils gagnent Boukhara, dans l’actuel Ouzbékistan. Ils s’y trouvent très bien. Pour preuve : ils y restent trois ans ! 

C’est alors qu’un homme, envoyé du Levant pour rencontrer l’Empereur de Chine Kubilaï Khan, les persuade de faire le voyage avec eux. Ils sont déjà partis de Venise depuis plus de quatre ans. Quelle raison a pu pousser ces deux hommes à se lancer dans un périple aussi insensé ? Le goût du commerce, sans doute, le désir de découvrir un monde inconnu et l’attrait de l’aventure, bien sûr. 

Ils mettront encore une année pour arriver à Karakorum où Kubilaï Khan tient sa Cour. L’Empereur est ravi de rencontrer des Latins. Il les questionne énormément et particulièrement sur le pape, sur la foi et sur l'Église romaine. Il a des raisons pour cela : sa mère était issue d’une famille de turcs qui étaient des chrétiens nestoriens. Le nestorianisme est une doctrine qui s’est répandue dans le christianisme oriental au 5ème siècle. Les nestoriens distinguent dans le Christ deux personnes, l’une divine, l’autre humaine. Cette doctrine est rejetée par les orthodoxes mais elle s’est beaucoup répandue en Perse, puis en Arabie, en Inde et jusqu’en Chine.

L’Empereur décide de charger les frères Polo d’une mission auprès du pape. Il leur confie une lettre pour le Saint-Père. Dans cette lettre, Kubilaï demande au pape de lui envoyer cent hommes savants pouvant enseigner la religion et la doctrine chrétienne. Aux deux frères, il demande de lui rapporter aussi un peu d’huile de la lampe qui brûle devant le Saint-Sépulcre à Jérusalem. En effet, l’empereur mongol a la plus grande dévotion pour le Christ qu’il tenait au nombre des dieux saints.

Pour leur retour, les deux frères Polo vont recevoir de l’Empereur une tablette d’or, gravée du sceau impérial qui leur permettra d’obtenir nourriture, logement et escorte tout au long des routes de l’Empire. Les frères Polo atteignent saint Jean d’Acre en avril 1269, seize ans après leur départ de Venise ! Ils y apprennent alors que le pape Clément IV est décédé et que les cardinaux ne parviennent pas à élire son successeur. Le légat du pape, qui se trouve à Saint-Jean d’Acre, leur suggère de retourner à Venise en attendant l’élection. 

Nicolo, en rentrant, apprend que son épouse est morte et qu’elle a eu de lui un fils né après son départ. Il a 15 ans. Il se prénomme Marco. Veuf, Nicolo épouse une ravissante jeune fille prénommée Fioredelise. Elle sait que son mari va repartir pour la Chine mais elle ne peut supposer que ce prochain voyage sera beaucoup plus long que le précédent. Quant à Marco, il fait la connaissance de son père. Ils doivent bien s’entendre puisque Marco partira avec lui et son oncle pour la Chine.

En route pour la Chine !

Le nouveau pape n’ayant toujours pas été élu, les trois Polo, le père, le fils et l’oncle, décident de commencer leur périple en partant pour Saint-Jean d'Acre. Ils en profitent pour faire un crochet par Jérusalem afin de prendre un peu d’huile de la lampe du Saint-Sépulcre. Faute de pape, ils partiront pour la Chine en renonçant aux cent hommes lettrés demandés par Kubilaï. 

En longeant la côte, ils arrivent à Ayas, en Asie Mineure lorsqu’ils apprennent qu’un nouveau pape a enfin été élu. Ils s’appelle Grégoire X. Informé de la lettre de l’empereur de Chine, le pape demande aux trois Vénitiens de venir le voir. Il fait armer une galère pour eux et ils se retrouvent tous à Saint-Jean d’Acre. Grégoire X reçoit très chaleureusement les Polo. Au lieu de cent hommes, il ne prévoit pour l’empereur que deux frères prêcheurs. C’est peu ! Mais enfin, ils sont savants, munis de cadeaux et de lettres du pape.

Après ce faux départ, les trois Vénitiens, accompagnés des deux frères prêcheurs, gagnent l’actuel Liban. Ils veulent poursuivre vers l’Arménie mais les frères prêcheurs, apprenant qu’il y a des troubles dans ce pays, abandonnent aux Vénitiens leurs cadeaux et retournent à Saint-Jean d’Acre. Les Polo n’ont pas peur. Ils traversent la petite Arménie puis la Grande où ils s’extasient devant ce qu’ils pensent être les restes de l’Arche de Noé accrochés aux pentes du Mont Ararat. Certes, ils la voient de loin mais c’est toujours exaltant d’être confronté à la Bible...

Près de la mer Caspienne, ils trouvent une fontaine "d’où sort une liqueur semblable à de l’huile, qui coule en abondance. Elle n’est pas bonne à boire mais elle brûle et elle guérit les hommes et animaux galeux, ainsi que les urticaires des chameaux". Ce n’est pas une nouveauté : Alexandre le Grand avait parlé de cette étrange huile. Il s’agissait, évidemment, du pétrole !

Dans son récit, Marco Polo dit qu’il passe par Bagdad. C’est sans doute faux car cela leur ferait faire un énorme détour. Mais Bagdad est un tel trésor que son absence nuirait au récit d’un voyage aussi prestigieux. En revanche, en Perse, ils visitent Sava d’où partirent les Rois Mages pour apporter des cadeaux à l’Enfant Jésus.

Marco voit les corps des Rois Mages dans leurs sépultures. Il constate qu’ils sont "encore tout entiers et ont cheveux et barbes comme lorsqu’ils étaient vivants" ! A travers la Perse, Marco, en bon commerçant, admire les chevaux que les Perses exportent vers l’Inde par voie maritime. Il note les productions locales : draps d’or et de soie, coton, froment, orge, millet, vins et fruits. Les Polo voyagent avec des caravanes, souvent attaquées par des bandes armées. Ils frôlent la mort à plusieurs reprises. En revanche, il peut y avoir des moments idylliques, par exemple la plaine de Kerman, avec des bosquets qui produisent des dattes. On y chasse des animaux, on y trouve de belles volailles, des cailles et toutes sortes d’oiseaux. Marco Polo rapporte que "les servantes et demoiselles de la région brodent oiseaux, arbres et fleurs sur des draps de soie et d’or. Elles ouvragent, d’une façon exquise, des couvre-pieds, des coussins et toutes autres choses qui sont exportées vers tous les pays."

Des paysages à couper le souffle

Ils atteignent Ormuz, sur le Golfe Persique, espérant prendre un bateau mais il n’y en a pas. Ils rebroussent chemin et font route vers le nord-est, vers la partie septentrionale de l’actuel Afghanistan. Là, Marco tombe malade. Cette maladie dure un an, le temps pour lui d’apprendre quelques langues locales. Il en pratique déjà plusieurs… Il se remettra dans les hautes montagnes du Pamir. Voilà nos trois Vénitiens chevauchant à 4.000 m d’altitude dans des paysages déjà à couper le souffle... Ils tracent leur chemin grâce à des buttes fabriquées avec des cornes et des os de moutons sauvages. Ce sont des bornes, bien utiles, placées par de précédents voyageurs. Ils rencontrent parfois des moutons énormes que l’on appellera désormais, en latin,  "ovis Polo", le "mouton de Polo" !  Marco Polo donne ainsi son nom à un animal !

Ils atteignent Kashgar. C’est un îlot de civilisation. On y cultive le coton, le lin, le chanvre, la vigne et les arbres fruitiers. Désormais, nos voyageurs vont longer le nord du Tibet le long du terrible désert de Takla Makan. Il faut s'y méfier de la présence des esprits : on est en plein territoire chamanique où l’on croit aux sorciers et aux esprits mais cela ne perturbe nullement les Polo. Ensuite, ils arrivent dans la capitale des Ouïghours, pas encore convertis à l’islam. 

Curieusement, tout près du but, ils s’arrêtent dans la ville de Ganzhou. Ils vont y demeurer un an pour leurs affaires. On ne sait pas exactement en quoi consistent leurs affaires. On suppose qu’il s’agit de commerce mais ce long séjour va permettre à Marco Polo de s’intéresser au bouddhisme. Il admire la "vie honnête" des moines et la statuaire bouddhiste. Il s’extasie, notamment, devant les grands Bouddhas couchés. Les voyageurs reprennent leur périple.

A l’automne 1275, les Vénitiens sont à quarante journées de la ville de Shangdu. Kubilaï y a construit sa résidence d’été au nord de Pékin. Il faut préciser que si au début de son règne, dès 1260, l'empereur Kubilaï avait transféré sa capitale à Pékin, il avait tout de suite fait construire à côté une nouvelle ville, Khanbalik, ce qui veut dire la ville du Khan. Malheureusement, la saison chaude était aussi pénible à Pékin qu’à Khanbalik. C'est la raison de sa villégiature à Shangdu.

C’est donc à quarante jours de leur arrivée prévue que les voyageurs voient arriver les messagers de l’Empereur. Il les attend. Il s’apprête à les fêter dès leur arrivée.

Un très long séjour en Chine

Sitôt à Shangdu, les voyageurs sont reçus au palais du Grand Khan avec fastes. En signe de respect, ils s’allongent complètement devant l'empereur Kubilaï qui les relève aussitôt. Il les interroge sur leurs vies et particulièrement sur leur voyage. Les Polo présentent au souverain la lettre et les cadeaux du pape ainsi que la précieuse huile de la lampe du Saint Sépulcre. L’Empereur s’en réjouit et ordonne que l’huile soit conservée avec grand honneur. Quant à la centaine de lettrés demandés, le monarque ne semble même pas s’apercevoir de leur absence. C’était bien la peine ! 

Quant à Marco Polo, son père le présente ainsi à l’empereur Kubilaï : "Sire, il est mon fils et votre homme ; à grand peine et périls, je l’ai amené à vous de pays si lointains comme le bien le plus précieux que j’aie en ce monde, pour vous le présenter et qu’il soit votre serviteur" . L’empereur répond :"Qu’il soit le bienvenu car il me plaît fort."

L’Empereur est sincère. Il est vrai que Marco Polo, âgé maintenant de 21 ans, a tout pour plaire. Il est beau, simple, charmant, courageux car ce voyage n’a pas été facile. Il parle plusieurs langues. Kubilaï va désormais le tester. La vie est plutôt agréable auprès du Khan, aussi bien à Shangdu que, par la suite, dans son magnifique palais de Khanbalik. Il est gigantesque. Chaque côté du mur d’enceinte mesure douze kilomètres. Marco Polo dit à Kubilaï que c’est le plus vaste et le plus merveilleux palais qu’il ait jamais vu.

Les occupations ne manquent pas. Kubilaï adore la chasse. Il la pratique vers le sud, au bord de la mer. Il possède dix mille fauconniers et cinq cents gerfauts. La cour est alors logée dans de magnifiques tentes. L’Empereur adore les fêtes. Les deux principales ont lieu au début de l’année, aux calendes de février, l’autre, pour son son anniversaire, en septembre. Le Nouvel An s’appelle aussi la Fête Blanche et tout le monde est vêtu de blanc. Pour son anniversaire, l’Empereur porte un habit d’or brodé de perles et de pierres précieuses. Il offre le même habit à douze mille de ses plus fidèles compagnons.

Entre Fleuve jaune et fleuve bleu

Marco Polo va en profiter quelque temps. A partir de 1277, il va beaucoup voyager pour l’Empereur. Il l’envoie en tournée d’inspection au nord du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. Ce sont des régions prospères, bien fournies en vignes et jardins. Marco Polo arrive au Fleuve Jaune. Il est si large qu’aucun pont ne le traverse. La région produit du gingembre et de la soie. Le Vénitien s’aventure entre le Fleuve jaune et le Fleuve Bleu, arrivant dans le Sichuan, grande région de production d’épices et haut-lieu du commerce.

Changement de décor : l'Empereur l’envoie maintenant au Tibet. C’est nettement plus rude ! Marco doit voyager pendant une vingtaine de jours sans trouver ni auberge ni nourriture avant d’arriver dans une contrée où les villages sont accrochés aux flancs abrupts des montagnes. Après le Tibet, il ira pour l’Empereur jusqu’en Birmanie avant d’être nommé gouverneur de Hangzhou, comme je vous l’ai raconté au début de ce récit. Il y passera trois ans.

Le voyage suivant que lui confiera l'Empereur va le conduire beaucoup plus loin. Kubilaï, ayant soumis la totalité de la Chine et de la Birmanie, rêvait du Champa, c’est à dire le centre et le sud du Vietnam actuel mais aussi des Indes et de Ceylan. Il rêvait également du fabuleux Cipango, l’actuel Japon, protégé par l’esprit du vent. L’Empereur tentera deux expéditions contre le Japon. Elles échoueront toutes les deux. La description par Marco Polo des fabuleuses richesses du Japon fera rêver ses lecteurs futurs.

En 1284, cela fait neuf ans que Marco Polo sert l’Empereur de Chine. Le Vénitien se trouve alors à Ceylan "la meilleure île qui soit au monde pour sa grandeur".  Elle regorge de rubis, de saphirs, de topazes, d’améthystes et de grenats. Le roi de Ceylan possède les plus beaux et le plus gros rubis du monde ! L’Empereur l’achèterait bien mais Marco Polo ne peut l’obtenir car le roi refuse de s’en séparer...

De Ceylan, il retourne au Champa (le Vietnam d’aujourd’hui), puis il rentre en Chine. Cela fait des années que le trio Polo est au service de l’Empereur Kubilaï. Les Polo sont couverts d’or et de pierreries. Ils ont visité la quasi totalité de l’Empire et ils commencent à rêver de retrouver Venise. Mais le grand Khan, trop attaché à eux, refuse de les laisser partir.

Le retour à Venise

C’est une histoire de mariage qui va permettre à la famille Polo de regagner Venise. En effet, c’est un petit neveu de Kubilaï, Argoum, qui règne du côté de la Perse, comme un vassal de l’empire mongol. Il vient de perdre sa femme. Avant de mourir, elle lui a demandé de se remarier avec une femme de la même tribu qu’elle, les Baya’Outs. 

Ceux-ci vivent en Chine du nord. Les femmes de cette région sont réputées pour leur beauté. On trouve rapidement la plus belle d’entre toutes qui porte le nom bizarre de Cokasin. Il faut lui fournir une escorte pour l’accompagner jusqu’au fin fond de la Perse. C’est la chance des Polo : le Khan va les choisir pour accompagner la princesse. C’est le moment pour eux de quitter l’Empereur. Celui-ci leur offre deux tablettes d’or portant sceau impérial leur permettant de circuler en toute sécurité sur les terres de l'Empire. Marco Polo rapportera la sienne à Venise.

Le souverain les charge également d’une mission pour le pape, le roi de France, le roi d’Espagne est les autres monarques de la chrétienté. Il fait armer quatorze navires de quatre mâts chacun, qui nécessitent plusieurs milliers de marins. Avant leur embarquement, les Vénitiens sont comblés de joyaux par l’Empereur. Kubilaï assiste à leur départ depuis le port de Zaitoun, proche de Hangzhou, dont Marco a été le gouverneur. Nous sommes en 1291. La famille Polo est en Chine depuis seize ans !

Les Polo vont donc voyager en compagnie de la belle princesse. Ils longent d’abord les côtes de la Chine ; une fâcheuse mousson les oblige à passer cinq mois à Sumatra ; ils gagnent ensuite Singapour, font une escale à Ceylan avant de longer les côtes indiennes, de Cochin à Mumbai. Tout au long du voyage, Marco Polo fait des observations sur les paysages, les coutumes des habitants lorsqu’ils descendent à terre, les richesses de chaque escale.

Le voyage se passe sans encombre. Ils arrivent enfin à Ormuz, à l'extrémité du golfe persique. C’est là qu’ils apprennent la mort du fiancé de la princesse. Peu importe : la princesse épousera le fils du défunt, le nouveau Roi ! C’est donc à Ormuz que leurs chemins se séparent. Les Vénitiens traversent la Perse à cheval jusqu’à Trébizonde, sur la Mer Noire, puis, par bateau, ils gagnent Byzance, les îles grecques et enfin Venise.

Le Livre des Merveilles 

Sur leur retour à Venise, à la fin 1295, on ne sait pas grand chose. Mais on imagine qu’ils furent fêtés par les Vénitiens qui étaient éblouis par les richesses que rapportaient les voyageurs et la durée de leur interminable périple. Trois ans plus tard, une nouvelle guerre éclate entre les villes rivales, Venise et Gênes, deux républiques maritimes et marchandes. 

En 1298, Marco Polo arme, à ses frais, une galère et la commande lorsqu’il participe à la bataille de Curzola. Le Doge Dandolo de Venise est vaincu. Marco Polo est fait prisonnier. C’est pendant ses trois ans de détention que le voyageur vénitien dictera ses mémoires à son compagnon d’infortune, Rustichello, écrivain originaire de Pise. Le livre sera publié sous le titre de Devisements du monde mais il sera plus connu comme  Le Livre de Merveilles. Ce sera un immense succès : toute l'Europe se régalera de ses aventures.

A 45 ans, Marco Polo revient à Venise ; il est encore plus riche car son livre lui rapporte beaucoup d’argent. Il se marie en 1300 avec une belle vénitienne, Donata, de la prestigieuse famille de Baoder. Ils auront trois filles. Marco Polo s’éteindra en 1324, heureux et comblé, à l’âge de 70 ans. Il repose dans l’église vénitienne de San Lorenzo.

 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars 

Cheffe de projet  : Adèle Ponticelli

Réalisation : Laurent Sirguy et Guillaume Vasseau

Diffusion et édition : Clémence Olivier

Graphisme : Europe 1 Studio