Mort d’Agnès Sorel : «C'est une intoxication suraiguë en mercure»

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SAISON 2023 - 2024

C’est un cold case vieux de presque 600 ans auquel Virginie Girod et Philippe Charlier s’attaquent dans Au cœur de l’Histoire. Médecin légiste, archéo-anthropologue et paléopathologiste, il a analysé les ossements d’Agnès Sorel, la favorite de Charles VII en 2004. Ses conclusions à la lumière de la science moderne permettent d’éclairer certaines zones d’ombres sur la mort en 1450 d’Agnès Sorel, qui a fait l’objet d’un récit dans Au cœur de l’Histoire.  

 

Les restes d’Agnès Sorel reposent sous un gisant en marbre, dans un saloir à cochon en grès recouvert d’une assiette "À l’intérieur : un crâne et deux grosses orbites qui nous regardent de façon théâtrale" raconte Philippe Charlier. "C'était vraiment une tête embaumée avec des restes visibles : de la peau, des muscles et puis des poils, c'est-à-dire des mèches de cheveux, des cils, des sourcils". Le tout baignant dans le liquide de décomposition, l’élément clé. "Son examen nous permet d'avoir énormément d'informations sur l'état du cadavre et son environnement direct au moment où il s'est décomposé" explique Philippe Charlier.  

 

Le liquide de décomposition d’Agnès Sorel a ainsi permis de mettre en évidence la présence d’œufs d'ascaris, un ver intestinal extrêmement fréquent à l’époque, ainsi que du mercure. "On retrouve une dose thérapeutique tout le long du cheveu. Ça veut dire qu'elle a pris un traitement à base de mercure pendant longtemps" précise Philippe Charlier. Le mercure est utilisé depuis au moins l’antiquité romaine comme vermifuge pour les purges intestinales qu’il provoque, afin de lutter contre le ver ascaris, par exemple.   

 

Mais dans le bulbe du cheveu, Philippe Charlier a retrouvé une quantité "astronomique" de mercure : "48 à 72 heures avant de mourir, elle a consommé 10 000 à 100 000 fois la dose thérapeutique". C’est cet excès qui a provoqué la mort de la favorite de Charles VII et son "flux de ventre", décrit par les témoins de l’époque. "Soit elle a été empoisonnée et c'est un assassinat. Soit c'est une erreur de dosage faite par l'apothicaire et c'est un accident thérapeutique. Soit elle-même a forcé volontairement la dose et c'est un suicide. Là je ne peux pas répondre", reconnaît Philippe Charlier.  

 

Quelque jour avant sa mort, elle accouche prématurément. L’enfant meurt rapidement après la naissance. "On a échafaudé l'hypothèse que si elle s'est suicidée, c'est peut-être parce qu'elle venait de perdre ce quatrième enfant". Favorite officielle du roi, influente à la cour et belliqueuse contre les Anglais, Agnès Sorel compte également nombre d’ennemis qui aurait pu vouloir l’empoisonner. "Elle aurait très bien pu sauter pour atteindre le roi, ou pour réorienter un peu la politique de Charles VII. Mais attention, on est sur des données qui ne sont pas forcément extrêmement fiables", prévient Philippe Charlier. La mort d’Agnès Sorel conserve encore une part de mystère. 

 

 

"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

- Présentation : Virginie Girod 

- Production : Camille Bichler et Nathan Laporte

- Réalisation : Pierre Cazalot

- Composition de la musique originale : Julien Tharaud 

- Rédaction et Diffusion : Nathan Laporte

- Communication : Kelly Decroix

- Visuel : Sidonie Mangin

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Invité(s) : Philippe Charlier

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