17 novembre 1936 : la mort de Roger Salengro

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SAISON 2016 - 2017

Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.

Nous sommes le 17 novembre 2016, mais en quel 17 novembre partons-nous ?

Le 17 novembre 1936, jour de la mort de Roger Salengro. Tué, peut-on dire, par la calomnie. Une sale histoire.

Comment tout a-t-il commencé ?

Roger Salengro était un homme politique socialiste des années 20 et 30. Maire de Lille en 25, il est bientôt député et devient ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Léon Blum, le fameux gouvernement du Front Populaire. Le 18 juin 1936, il s’attaque aux ligues, ces organisations paramilitaires d’extrême-droite qui prospèrent dans l’entre-deux-guerres. La réplique est immédiate : à partir du 14 juillet, dans L’Action française  s’amorce une campagne de Presse visant à mettre en cause le passé du ministre lors de la Grande Guerre. Le 21 août, le journal Gringoire titre : "Roger Salengro a-t-il déserté le 7 octobre 1915 ?".

Il s’agit d’une pure calomnie ?

Pure et simple : Salengro ayant été fait prisonnier par les Allemands il avait disparu et, dans un premier temps, avait donc condamné pour désertion avant d’être disculpé, à la fin du conflit. C’est ce malentendu qu’exploitent certains journaux pour le déshonorer Salengro. Il faut vous dire que lui-même a été fragilisé par la mort de sa femme, un an plus tôt. Un soir, en rentrant chez lui à Lille, le ministre écrit deux lettres. L’une est pour Blum, l’autre pour son frère. Il ouvre le robinet de gaz et se donne la mort. À côté de son corps, on va retrouver deux exemplaires du journal Gringoire. Lors des obsèques qui rassembleront un million de personnes, le 22 novembre, Léon Blum va prononcer un de ses plus beaux discours. "Il n’y a pas d’antidote contre le poison de la calomnie, dira-t-il. Une fois versé, il continue d’agir". L’affaire Salengro va devenir le symbole des abus d’une certaine Presse, aujourd’hui tombée en désuétude, ce qui n’est pas plus mal.