Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les événements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 23 mars 2018, mais en quel 23 mars partons-nous ?
Le 23 mars 1782, jour de la parution des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. L’histoire d’une rivalité à mort entre deux grands libertins : la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. On suit leurs aventures (à tous les sens du terme) à travers les lettres qu’ils échangent, dédiées à la débauche. Des lettres qui comptent peut-être parmi les plus brillantes et les plus inspirées d’un siècle où l’on s’écrivait à longueur de journées.
Comment le livre a-t-il été reçu ?
Plutôt bien et même très bien ! On l’a tiré à 2.000 exemplaires, ce qui est beaucoup pour l’époque, et, le tirage s’épuisant vite, on l’a réédité une dizaine de fois. Ce qui ne veut pas dire que ce livre plaise à tout le monde ; en cette fin du XVIIIe siècle, son immoralité choque. Elle indispose surtout l’aristocratie qui a su percevoir en ce livre une charge terrible à l’encontre de ses mœurs. Et puis, Choderlos de Laclos est un militaire, un officier d’artillerie ! Autant vous dire que sa hiérarchie ne voit pas ses écrits d’un très bon œil. On lui ordonnera bien vite de rentrer dans sa garnison ; on va l’envoyer à la Rochelle pour y participer à la construction d’un arsenal.
Est-ce qu’on est allé jusqu’à interdire le livre ?
Non, curieusement. Les Liaisons dangereuses sont décriées, évidemment. Et leur auteur est lui-même conspué pour ses atteintes pernicieuses à la morale. L’un de ses contemporains dira : "Parce qu’il a peint des monstres, on veut qu’il en soit un !". Mais le livre ne sera interdit qu’en 1823, sous la Restauration. A croire que la société s’était rigidifiée entretemps. Un siècle plus tard, ce sont Gide, Giraudoux et Malraux qui le redécouvriront et lui restitueront sa place de chef d’œuvre. Aujourd’hui, le roman de Choderlos fait partie des grands classiques. On compte une dizaine d’adaptations, au cinéma et autant au théâtre.
On retrouve Franck Ferrand à 14 heures, sur Europe 1.
Nous évoquerons l’attentat de la rue Saint-Nicaise, contre le Premier consul.