Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 31 mars 2017, mais en quel 31 mars partons-nous ?
Le 31 mars 1282, la date des Vêpres siciliennes. Un massacre qui fera 8.000 victimes, toutes françaises.
Comment en est-on arrivé là ?
C’est une vieille histoire. À l’époque, Naples et la Sicile sont sous domination française. Le roi de Sicile est Charles Ier d’Anjou, le frère de Saint Louis. Il a conquis ces territoires italiens avec l’aide du pape. C’est un conquérant qui cherche à étendre sa domination. Il ira d’ailleurs chercher d’autres couronnes, jusqu’en Albanie et à Jérusalem. Mais pour ça, il a besoin d’argent. Qui paie ? Ses sujets bien sûr, par l’impôt. Un impôt très lourd, insupportable même ; surtout quand il s’agit de financer les rêves de gloire d’un souverain étranger.
Alors les Siciliens vont se rebeller.
Exactement. Du côté de Palerme, le lundi de Pâques, un 30 mars, à l’heure des vêpres, au moment où les cloches se sont mises à sonner en début de soirée, les Siciliens, comme un seul homme, se révoltent. Ils traquent et débusquent les Français partout, à commencer par les soldats qui sont systématiquement exécutés. Les chroniques racontent qu’en cas de doute sur leur identité, les Siciliens demandaient à leur victime de prononcer le mot Cicero, qui veut dire "pois-chiche" en sicilien mais qui est surtout très difficile à prononcer correctement par un Français !
C’est donc un mouvement spécifiquement anti-français ?
Tout à fait. Certains auteurs ont même voulu y voir l’origine de la Mafia. Ce mot étant l’acronyme du cri de ralliements des insurgés de 1282 : "Morta Alla Francia ! Italia Aviva !" soit "Mort aux Français, vive l’Italie !" ; c’est du moins l’explication que donneront les mafieux eux-mêmes, trop contents de pouvoir s’enraciner dans les Vêpres siciliennes !