Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 4 mai 2017, mais en quel 4 mai partons-nous ?
Le 4 mai 1897. Un jour terrible, le jour de l’incendie du bazar de la charité qui fit plus de 120 victimes. Ce "bazar", il ne faut pas l’entendre dans son sens courant. Ce bazar est en fait une vente saisonnière pour les bonnes œuvres. Une sorte de vide grenier pour grandes dames.
Et les recettes vont aux pauvres, c’est ça ?
Exactement ! C’est le principe. Le bazar de la charité dure trois semaines. Cette année, il est installé rue Jean Goujon, juste à côté d’Europe 1. C’est alors un terrain vague sur lequel a été monté un baraquement en bois, en sapin. Il mesure 80 mètres sur 13. À l’entrée, flottent des bannières colorées. Le détail est d’importance. Ajoutez à cela un décor en carton-pâte posé là pour l’occasion. On se dit vraiment que si le feu s’y invite, le bazar se transformera en un piège infernal. Et c’est justement ce qu’il va se passer.
Comment l’incendie s’est-il déclenché ?
Eh bien, on avait également installé (c’est très moderne) un projecteur de cinématographe. La lampe de l’appareil est alimentée par de l’éther. Je vous passe les détails techniques, mais une allumette est craquée à proximité et immédiatement les vapeurs d’éther s’enflamment. Rien de grave pour l’instant, on commence à faire évacuer gentiment et calmement le bazar. Mais le feu se répand vite et enflamme bientôt le plafond qui n’est autre qu’un vélum goudronné ! Autant vous dire que toute la structure se transforme alors immédiatement en une torche géante. Et la panique saisit au même instant les 1.200 invités. On crie, on hurle, on court en tous sens pour trouver une sortie ou chercher un proche qui s’est éloigné. Les récits de l’époque font froid dans le dos. C’est une incroyable scène d’épouvante à laquelle on assiste. Les pompiers feront de leur mieux. Mais à la fin on comptera les corps calcinés. Plus de 120 victimes dont la duchesse d’Alençon, la sœur de Sissi. Cette catastrophe a bien failli remettre en cause le cinéma lui-même, tenu pour responsable.