Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 5 janvier 2017, mais en quel 5 janvier partons-nous ?
Le 5 janvier 1757. À la Cour, on s’apprête à fêter l’épiphanie. Louis XV s’est installé à Trianon qui est plus facile à chauffer, mais dans l’après-midi, il a fait un saut jusqu’au château de Versailles, pour rendre visite à sa fille, Madame Victoire, qui est souffrante. Un peu avant 18 h, il s’apprête à gagner son carrosse, en compagnie de son fils et du capitaine de ses Gardes. Mais sitôt sorti, il est violemment heurté par un homme qui s’est faufilé dans la pénombre. Le roi porte la main à son flanc, et la retire pleine de sang ! En fait, il vient d’être poignardé !
Qui est l’agresseur ?
Il s’appelle Robert-François Damiens, il a la trentaine. C’est un grand gaillard qui a été domestique chez plusieurs membres du Parlement et c’est là qu’il a entendu critiquer le roi, jusqu’à le détester. Un personnage interlope, ce Damiens. Il a servi d’indicateur à la police. Il est arrêté, bien entendu, et interrogé de façon musclée, avant d’être torturé dans les formes. En fait, il n’a frappé le roi qu’avec la petite lame de son canif ; il ne voulait sûrement pas le tuer mais il s’est rendu coupable de lèse-majesté, ce qui, à l’époque, est extrêmement grave.
Alors, comment va le roi ?
Physiquement bien puisque la blessure est superficielle. Mais moralement, Louis est en état de choc. Il regarde cet acte, à juste titre, comme un effet de la haine du peuple. Il sait bien, par ailleurs, que le coup vient, indirectement, de cette cour suprême de justice qu’on appelle le Parlement de Paris. D’ailleurs, les Parlementaires, bien embêtés, vont se montrer particulièrement sévères avec le coupable. Louis XV aurait volontiers gracié Damiens. Au lieu de quoi, le malheureux va subir le plus atroce et le plus infamant des supplices : tenaillé écartelé vif en place de Grève, une véritable boucherie qui va révulser l’Europe et jouer un rôle dans le processus qui conduira à l’abolition de la torture.