Son investiture quasiment assurée, Donald Trump concentre ses forces sur Hillary Clinton, sa très probable adversaire Démocrate.
Les politologues en ont sans doute pour des années d'étude. Certains annoncent d'ailleurs la fin prochaine du Politique, comme on a pu annoncer autrefois la fin de l'Histoire. Les amis de l'Amérique n'en reviennent toujours pas de voir la démocratie la plus puissante du monde, accoucher d'un candidat considéré au mieux comme un pitre, au pire comme un fou dangereux. Ces contempteurs y trouveront de nouveaux arguments pour critiquer un système qui est à leurs yeux en pleine faillite.
Malgré, ou grâce, à ses maladresses et à son inexpérience politique, Trump a désormais le droit de formellement croire en ses chances de devenir 45ème président des États-Unis. Il vient de réussir le plus gros hold-up de l'histoire politique, en mettant main basse sur ce vieux grand parti américain, celui d'Abraham Lincoln. Avant lui, seul un autre novice avait réussi cet exploit, il s'appelait Eisenhower, mais avant de rentrer à la Maison-Blanche, celui qu'on surnommait "Ike" avait tout de même commandé les forces américaines en Europe et planifié le débarquement en Normandie. Entre Lincoln, "Ike" et Donald Trump, il y a forcément un monde, mais nous sommes dans l'Amérique d'aujourd'hui.
Peut-on dire que la stratégie "TSF" (tout sauf Trump) a elle aussi clairement échoué ?
Cela n'a pas marché car durant les huit années d'Obama, les Républicains sont restés dans une posture d'opposition bornée, parfois frisant l'hystérie : sur la santé, le climat, l'Iran et la légitimité du président. Ils étaient donc mal placés pour donner des leçons de réalisme et de sagesse à un Donald Trump qui creusait le même sillon de la démagogie. La direction républicaine s'est perdu dans sa stratégie politicienne à Washington et n'a jamais acté le rejet dont elle est manifestement victime à la base du parti. C'est ce contexte qui a permis à Trump d'émerger comme le pourfendeur de l'establishment, le candidat milliardaire de l'Amérique d'en bas.
Du côté Démocrate, c'est Bernie Sanders qui a remporté la primaire dans l'Indiana. Que cherche-t-il ?
Il veut transformer le parti Démocrate en y ramenant les jeunes, les séniors et les ouvriers. Il veut surtout que certaines de ses idées, notamment celle du salaire minimum, se retrouvent dans le programme de la candidate Démocrate. Bernie Sanders reste aujourd'hui un caillou dans la chaussure de Hillary Clinton, alors que de l'autre côté, Donald Trump a pulvérisé tous ses adversaires.
Faut-il croire les sondages qui donnent Hillary Clinton ultra-favorite face à Donald Trump pour le 8 novembre ?
Il faut rester prudent, car c'est une autre campagne qui commence. Donald Trump s'est entouré de gourous de la politique qui doivent l'aider à "présidentialiser" son image et à détruire celle de la candidate Démocrate. Il peut compter sur la télévision, car aux États-Unis l'audimat est roi.
Tout peut encore arriver, même le cauchemar d'un Donald Trump à la Maison-Blanche...