Les communautés musulmane et juive se retrouveront régulièrement pour systématiser le dialogue religieux.
WB: Ce matin, deux communautés se tendent la main via deux institutions : le CFCM et le Consistoire israélite de France. Ils vont travailler ensemble dans la durée.
LD: Ces deux institutions juives et musulmanes collaborent donc à un moment clef, un an après les attentats pour donner un exemple positif aux jeunes générations, leur montrer qu'une entente est possible. Les dirigeants des deux institutions partagent des racines communes : ils sont tous les deux nés à Meknès au Maroc à trois ans d'intervalle. Une première réunion s'est tenue il y a quelques jours à Paris, et les institutions se sont mis d'accord sur les thèmes à aborder : le djihadisme et la radicalisation entre autres. La priorité est d'accompagner les responsables musulmans qui dénoncent le djihadisme et tentent de dissuader les jeunes qui sont appelés vers cette dérive radicale. La formation des imams et des rabbins, ainsi que la lutte contre l'islamophobie et l'antisémitisme seront aussi abordées.
WB : Les deux institutions veulent aussi avancer sur la question de l'abattage rituel.
LD: Les deux religions sont contraintes à l'étourdissement avant l'abattage. Le CFCM est intéressé par l'expérience du judaïsme français qui tire une partie de ses revenus de la certification de l'aspect casher de la viande.
WB: Des commissions mixtes entre les deux religions, comme à l'Assemblée entre deux partis politiques ?
LD: Absolument, l'idée est de se réunir régulièrement et de publier des travaux communs. La véritable nouveauté est donc l'instauration d'un dialogue religieux sur le long terme, et non pas épisodique. La nouvelle dynamique n'est pas seulement le dialogue entre les deux dirigeants, mais inclus aussi les délégués élus de chaque bureau. Chaque personne représente une tendance, ce qui permet au débat d'être pluriel. La prochaine réunion aura lieu à la Grande Mosquée de Paris.
Une chronique réalisée par Laure Dautriche