Chaque matin, Alain Cirou nous explique en détails un évènement scientifique.
Avec le lever du jour, c’est une nuit dédiée à la Pleine Lune qui s’achève.
À la "luna magnifica" va très vite succéder l’épisode d’exploration de "luna incognita". Et ça risque bien d’être encore plus passionnant !
Si les spectacles lunaires enchantent notre début d’année, le meilleur est sans doute à venir avec les projets d’exploration de notre satellite naturel ! En particulier dans les laboratoires chinois où on prépare activement le départ d’une nouvelle mission.
Elle s’appelle Chang’E 4 (Chang’E c’est le nom de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise) et son objectif c’est d’accomplir une première dans l’histoire de l’exploration spatiale : se poser sur la face cachée de la Lune.
Ca ne s’est jamais fait ! Les soviétiques en 59 l’ont photographiée avec des sondes automatiques. D’où les noms des principales formations : mer de Moscou, Gagarine, Mendelev, etc… Les américains en 68 en ont fait le tour avec Apollo 8 et ont vu, à travers les hublots un relief déchiré, bouleversé par les bombardements cosmiques.
Mais pour des raisons de communication directe avec la terre tous les engins qui se sont posé l’ont fait sur la face visible de notre satellite.
Comment vont faire les chinois ?
Ils vont procéder en deux temps. Dans les mois qui viennent, ils devraient mettre en orbite autour de la Lune un réseau de communication par satellite. Pour qu’il relaie vers la Terre les données qui seront transmises par la sonde dont le départ est prévu à partir de l’été.
Puis ce sera au tour du rover de se poser pour étudier la géologie locale mais aussi les effets de la gravité lunaire sur des insectes et des plantes. Une sorte de "kit agricole" sous forme d’une conteneur en aluminium rempli de graines et d’insectes. Avec des pommes de terre, des œufs de vers à soie, des graines d’arabette (une plante qui est un organisme modèle pour la recherche génétique) le tout climatisé dans l’objectif de créer un écosystème simple, une mini serre modèle.
Les chinois ont annoncé qu’ils enverraient des hommes sur la Lune vers 2030. Pourquoi si tardivement et est-ce vraiment difficile ?
Oui, c’est difficile. Tout est difficile. Y aller. Se poser. Y vivre. Même quelques jours. Car il n’y a pas d’atmosphère, pas d’eau, pas de protection contre les météorites, les tempêtes solaires et les bombardements cosmiques. Il faut se cacher. Et la découverte récente de tunnels sous la surface lunaire (sans doute formé par d’anciens écoulements de lave) est une bonne nouvelle car on peut imaginer aménager une base. La climatiser. S’y enterrer pour travailler, étudier et cultiver des fruits et légumes par une technique hydroponique.
Bref, il va falloir avoir beaucoup d’imagination d’autant qu’il y a peu d’argent disponible pour le faire. Ce n’est pas une course, ni une compétition comme dans les années 60. Et les chinois, comme les autres nations, vont prendre leur temps pour investir cet environnement proche.
A quatre jours de voyage de la Terre, on la voit entière. Petite et fragile. Et comme à chaque voyage d’un homme dans l’espace, ce qu’il nous ramène c’est une image de la Terre. Là on peut être sûr qu’on en saisira vite les limites.