Chaque matin, Alain Cirou nous explique en détails un évènement scientifique.
L’expérience est baptisée "Lunar Palace 1". Elle met en scène quatre étudiants d’une université chinoise qui se sont enfermés depuis l’été dernier pour simuler la vie des Taïkonautes sur la Lune. Alain, vous rentrez de Pékin où vous avez rencontré de nombreux scientifiques ; c’est du sérieux ?
Les chinois l’ont annoncé. Ils seront les prochains sur la lune. Sans doute dans la décennie 2030. Et tout le monde prépare ce voyage qui n’est pas une course, dont quatre étudiants de l’Université pékinoise de Beihang (quatre volontaires, deux garçons et deux filles) qui sont les cobayes en ce moment même, et pour une durée d’un an, de l’expérience Lunar Palace. Yuegong 1.
À quoi ressemble ce "palais lunaire" ?
À tout sauf à un palais !
C’est un laboratoire scellé, coupé de l’extérieur pour simuler une mission autonome de longue durée. C’est un module de 160 m 2 composé de trois parties :
. un module de vie de 42 m2 avec séjour commun, chambres, salle de bain, une pièce réservée au traitement des déchets et une autre pour l’élevage d’animaux.
. deux modules "scientifiques" dans lesquels sont cultivés des végétaux, des légumes et de plantes qui sont nourris grâce aux déchets humains, alimentaires et ménagers, traités par biofermentation.
L’idée, c’est celle de l’autonomie totale dans un lieu qui n’a pas de fenêtre, pas de soleil, pas d’apports extérieurs d’air, d’eau, et de nourriture.
Donc, tout doit être recyclé : le CO2, l’urine, les déchets humains et animaux, dans un cercle vertueux mais pour l’instant théorique.
Ça n’a jamais été fait ?
Il y a eu des tentatives et toutes, ont échoué. La plus célèbre a eu lieu dans les années 90 aux États Unis, dans le désert d’Arizona, près de Tucson. Elle était baptisée Biosphère 2 et rassemblait une dizaine de cobayes sous un gigantesque dôme de verre dans lequel on trouvait un jardin, une forêt, une rivière, des cultures diverses et variées, le tout devant fonctionner en circuit fermé.
Ça n’a jamais marché. Le système a dérapé, le taux de CO2 a explosé très vite, et sans le dire, les promoteurs de l’expérience ont du ouvrir les portes pour faire rentrer de l’air pur.
Ceux qui voulaient imiter Gaia, avec une idéologie un brin sectaire, ont dû en convenir : on ne sait pas faire. On ne sait pas imiter la nature et ses équilibres complexes, subtils.
Donc il a fallu tout reprendre à zéro.
Et c’est ce qu’on fait en Europe avec une expérience baptisée Mélissa où, au lieu de vouloir tout faire d’un coup, on essaie de réaliser des écosystèmes artificiels clos en travaillant sur chaque élément séparé : l’eau, l’air, la nourriture, l’énergie, etc…
Bref, vivre sur la lune ou sur Mars en mode recyclage total c’est pas pour demain mais chacun sait qu’en Chine, le temps n’a jamais eu la même valeur qu’en occident.