Najat Vallaud-Belkacem a annoncé dans une tribune du Monde, qu'elle souhaitait que la dictée (re)devienne quotidienne à l'école. Aux côtés de l'écrivain et journaliste François de Closets, de la pédiatre Edwige Antier et de Martine Estelle Pech, journaliste spécialiste éducation au Figaro, Marion Ruggieri s'interroge sur les vertus de la dictée, et plus largement, sur la nécessité de revoir les fondements de l'enseignement en France.
De la nécessité de surfer sur la nostalgie des français :
Martine Estelle Pech, journaliste spécialiste éducation au Figaro, considère que la dictée quotidienne fait partie d'un discours de communication développé par le gouvernement, dont la fin première est de rassurer les français en leur présentant l'image d'un enseignement plus classique en primaire. Après le retour des cours de morale, voilà la dictée. On frôle l'enseignement "à la papa". A noter que la fameuse "dictée quotidienne" ne figure pas dans les programmes présentés vendredi dernier, ce que n'ont pas manqué de relever les syndicats d'enseignants, y compris les soutiens de la ministre, qui ne savent plus où ils en sont.
"C'est uniquement de la politique", confirme l'écrivain François de Closets, qui déplore également qu'il faille sans cesse rassurer les français en leur proposant, pour leurs enfants, des choses "un peu réac'", telles la dictée en question.
L'auteur ajoute par ailleurs que si la dictée est nécessaire, elle n'est pas suffisante. En effet se pose aussi la nécessité d'apprendre aux enfants à écrire leur langue comme ils l'écriront dans le futur, c'est-à-dire en s'adaptant à la nouvelle écriture du XXIè siècle, et en investissant d'avantage sur le numérique, en commençant par d'avantage équiper les écoles. L'apprentissage par la dictée classique, tout nécessaire qu'il est ses yeux, ne serait en vérité qu'une première étape, qui devrait être idéalement prolongée, au lycée, par une seconde étape, qui aurait lieu au lycée, où les élèves apprendraient à écrire sur ordinateur, en utilisant toutes ressources proposées par l'informatique.
Apprendre à écrire sur ordinateur, est-ce vraiment nécessaire ?
Martine Estelle Pech réagit à la proposition de François de Closets d'insister sur l'apprentissage du traitement de texte au lycée en déclarant que cet apprentissage est inutile, dans la mesure où il est intuitif. En effet, 97% des foyers possèdent un ordinateur, et les enfants apprennent le traitement de texte de manière quasi spontanée, de nos jours, même dans les foyers les plus défavorisés. Pour elle, le problème n'est pas là. Quoiqu'il en soit, il faut veiller à ce que les jeunes considèrent l'ordinateur comme un outil qui optimise leur apprentissage et non comme une fin en soi.
François de Closets, écrivain et journaliste
Edwige Antier, pédiatre
Martine Estelle Pech, journaliste spécialiste éducation au Figaro