Delphine Batho a été sanctionnée pour avoir osé dire la vérité. L'écologie n'a pas de "ligne claire tracée" selon José Bové.
Les principales déclarations de José Bové, député européen Europe Écologie Les Verts:
Delphine Batho avait raison de dire que son budget était mauvais ?
"C'est clair. Quand Delphine Batho a parlé, d’abord au Monde puis à la radio, c'était évident que ce qu'elle disait était juste : son budget était rogné, il est le plus rogné de l'ensemble des budgets. Le fait qu'elle ait dit cela, elle a parlé vrai, elle a dit une vérité, elle a été sanctionnée pour cela."
Virée pour avoir dit la vérité...
"Virée pour avoir dit la vérité. Je dirais plutôt... A travers cette question, on peut dire que ce qu'elle a dit, c'est que l'écologie n'était pas à la hauteur des engagements pris par le Président de la République. Aujourd'hui, ce qu'on doit dire de manière très claire, c'est que l'écologie est la variable d'ajustement de ce gouvernement. J'espère que les choses vont être corrigées ! Philippe Martin nommé, il va falloir que les engagements du Président et du Premier ministre soient clairs et qu'on ait une ligne qui soit tracée vers la transition écologie, vers la fiscalité verte. Le Premier ministre a une possibilité d'annoncer des choses qui aillent dans le bon sens. La semaine prochaine, il doit annoncer théoriquement les financements des projets d'avenir, environ 10 milliards d'euros, ce qui n'est pas rien. Les choix qui seront fait à ce moment-là vont orienter : va t-on vers encore plus de bétonnage, d'autoroutes, de grands projets inutiles ou cet argent va t-il être majoritairement investi dans des projets qui réorientent l'économie vers les énergies renouvelables ? Est-ce que là, on est en train de faire un saut ? C'est un test."
2014, budget de rigueur. Pourquoi l'écologie devrait-elle être épargnée ?
"Je n'ai jamais dit qu'elle devait être épargnée... Il faut qu'il y ait une juste répartition mais quand on dit qu'il faut nécessairement réorienter l'énergie, aller vers une transition énergétique : où sont les investissements qui vont dans cette direction ? Quand on dit qu'il faut mettre en place la fiscalité verte pour financer, est-ce qu'on va aller jusqu'au bout ? Ce sont ces grands chantiers qui ont été lancer : va t-on être capable de les mettre en œuvre, y'aura t-il les crédits nécessaires ? Va t-on permettre par exemple de mettre en place le projet sur le logement pour sortir du gaspillage énergétique et de la précarité énergétique ? Ces politiques-là doivent être prioritaires, j'attends qu'il y ait des réponses de ce côté-là."
Que pouvez-vous espérer ? François Hollande ne va pas changer le budget de l'écologie...
"J'ai compris la subtilité qu'il y avait : Delphine Batho est officiellement virée parce qu'elle a critiqué le budget, et que ça ne se fait pas, c'est le rappel à l'autorité du chef de l'Etat. Mais une fois de plus, ça se fait sur le dos de l'écologie, c'est la deuxième ministre de l'écologie virée pour avoir pris des positions. Nicole Bricq a été virée quand elle s'est opposée au forage pétrolier au large de la Guyane et elle avait raison de le faire. Aujourd'hui, Delphine Batho dit : le compte n'y est pas pour la transition vers l'écologie. Maintenant Philippe Martin, que je connais bien, qui a mené des combats écologiques depuis des années, qu'on ne peut pas remettre en cause sur ses convictions, c'est à lui de mettre en œuvre une véritable transition. Le président s'est engagé en septembre aux assises de l'écologie..."
François Hollande, président le moins écologiste de la Vème République ?
"J'ai l'impression qu'à gauche on a un vrai problème avec l'écologie..."
"On fera le bilan mais pour le moment, les preuves lancées, les chantiers ouverts, sont très faibles : on le voit sur Fessenheim, la fermeture continue à trainer, c'est intolérable..."
Dites-le, vous n'avez pas l'habitude de la langue de bois... François Hollande, président le moins écologiste de la Vème République ?
"Je n'en sais rien ! Beaucoup ont fait des discours, et entre les discours et ce qui est arrivé à la sortie... Le Grenelle a accouché d'une souris, c'est le moins qu'on puisse dire... J'attends des actes ! C'est vrai : Nicolas Sarkozy a interdit les OGM, dont acte. C'est vrai, avec Nathalie Kosciusko-Morizet, nous avons eu l'interdiction de la fracturation hydraulique. J'attends maintenant que François Hollande prenne des mesures : c’est la transition énergétique, la fiscalité verte, l'arrêt par exemple de Notre-Dame des Landes, la fermeture définitive de Fessenheim, ce sont des actes concrets que l'on attend."
Dans ces conditions, pourquoi rester au gouvernement ?
"Il y a un certain nombre d'enjeux tracés..."
Le bilan est terrible au bout de 14 mois :
"C'est pour cela que suite à la réunion d'hier soir, Pascal Durand a dit : "On a un certain nombre d'engagements, nous attendons des réponses concrètes". J'en rajoute un ce matin : les investissements d'avenir, 10 milliards d'euros, vers où vont-ils être investis ? Ce sont des lignes rouges maintenant, le Président doit choisir..."
Vous allez attendre encore 14 mois ?
"Les choses sont assez simples maintenant. A l'automne, ces grands projets doivent être mis en œuvre. Le congrès aura lieu en novembre : à ce moment-là, nous aurons les éléments concrets pour savoir s'il y a une volonté politique ou non. S'il n'y a pas de volonté politique, les ministres écologistes quitteront le gouvernement."
"En attendant, avant cette échéance, nous avons les investissements d'avenir : allons-nous arrêter le bétonnage, certains nombres de progrès qui gaspillent de l'argent public, qui sont inutiles ? Voilà des enjeux concrets pour les semaines à venir."