Michelin : "Nous comprenons parfaitement l'émotion suscitée"

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SAISON 2012 - 2013, modifié à

Jean-Dominique Senard, PDG de Michelin, revient sur l'annonce de la suppression de plus de 700 postes.

A 7h45, Bruce Toussaint recevait Jean-Dominique Senard, PDG de Michelin. Ses principales déclarations :

"L'entreprise Michelin va globalement bien. Elle subit aujourd'hui les aléas de la conjoncture mondiale et en particulier celle de l'Europe."

Le chiffre d'affaires était en nette hausse l'an dernier...

"C'est juste."

Et le bénéfice aussi...

"Oui, de l'ordre de 25%, mais avec un contexte particulier : les matières premières avaient commencé à baisser et nos prix étaient restés élevés, ce qui avait été pour l'ensemble de la profession extrêmement positif."

Vous supprimez 730 emplois, n'était-ce pas évitable ?

"Ce que je veux dire d'abord, c'est que nous comprenons et moi en particulier parfaitement bien l'émotion suscitée à Tours. Je veux dire aux salariés de Tours que leur avenir professionnel est au cœur de nos préoccupations aujourd'hui. Simplement, je voudrais dire pourquoi on a été amenés à prendre cette décision, qui est toujours difficile. Il faut comprendre que, dans les 10/15/20 ans qui viennent, seules les usines de grande taille, c'est vrai dans l'industrie, particulièrement vrai chez nous, pourront survivre économiquement."

"Si cette usine ne grandissait pas, nous aurions un risque d'avoir à arrêter pratiquement toute la production de l'ensemble de nos usines de poids lourds en France. Donc, en faisant autrement, en renforçant la compétitivité de Michelin en France, en créant des emplois dans des usines où l'on va pouvoir renforcer la compétitivité, nous essayons d'anticiper le sujet pour l'éviter."

 

Après la diffusion d'un témoignage d'une employée à Tours : elle évoque un dossier de surendettement et son amour de son travail. "Michelin ne doit pas nous laisser tomber" :

"Je peux lui dire qu'elle travaille dans l'atelier de membrane : il va rester à Tours et nous allons y investir de l'argent pour qu'il soit pérenne et parfaitement moderne. Dans ce cas particulier, elle n'a pas beaucoup de souci à se faire."

"Pour les 700 autres, voyons les choses comme elles sont : nous allons ouvrir tout de suite les négociations sur place entre les équipes de l'usine et les salariés, nous allons faire en sorte comme d'habitude que ceux qui veulent partir avec des mesures d'âge partent avec des mesures d'âge, c'est totalement à la charge de Michelin. On l'a fait…"

Ce sont des pré retraites ?

"Une forme, disons, pour simplifier. Aussi, nous allons offrir à tout le monde deux postes dans nos équipes françaises de Michelin : ils auront le choix entre deux possibilités dans une usine française de Michelin, c'est pas mal. Ceux qui ne pourraient pas : on installerait sur place des ateliers de transformation professionnelle, ce qu'on a déjà fait par le passé avec un énorme succès, pendant 18 ou 20 mois, les équipes sont formées, on leur apprend parfois un autre métier, ces gens-là retrouvent toujours un emploi. Michelin reste Michelin : on va offrir aux équipes des postes partout en France et s'occuper de ceux qui ne pourront pas bouger pour des raisons évidentes de famille, de crédit, de maison. On connait ça très bien et on va aider tout le monde."

800 millions d'investissements en France... 750 emplois supprimés... Plus d'un million par emploi, n'y avait-il pas une autre solution ?

"C'est la bonne solution pour l'avenir de notre industrie en France et en particulier pour Michelin. On investit 800 millions d'euros en France, on pourrait ne pas le faire, ça ne m'est jamais venu à l'esprit. On le fait pourquoi ? On va créer à La Roche sur l'Yon une usine de pneumatiques poids lourds qui va être de classe mondiale. Cette usine-là, qui va doubler de capacité, va être capable de rivaliser avec les grandes usines chinoises qui nous menacent dans l'avenir. C’est très important."

Le secteur poids lourds n'est pas terminé pour Michelin ?

"Bien sûr que non ! Non seulement il n'est pas terminé, mais il n'est pas terminé en France ! J'ajoute qu'on va mettre des investissements dans l'usine de Montceau-les-Mines qui fait du pneumatique de génie civil. On va le faire au Puy et à Troyes, notre usine agricole. On ne pourrait pas faire de meilleur signe de renforcement de la compétitivité et surtout de l'affirmation de la présence en France. Je ne vais pas commencer à faire le contraire de ce que je dis depuis des mois : la désindustrialisation des pays matures et de la France en particulier n'est pas fatale. Je fais ce qu'il faut quand il faut passer l'action."

Dans le témoignage, il est question du mot "Famille". Ce n'est plus la réalité ? C'est un groupe de moins en moins français...

"L'activité française représente 10% de la production du groupe, c'est pas si mal, et 20% des effectifs parce que le siège est là, à Clermont-Ferrand et il y restera. Nous allons investir 250 millions d'euros sur la rénovation de notre site technologique de Clermont-Ferrand, il sera dans les 3-4 ans un des sites probablement les plus modernes d'Europe. Quand vous le visiterez, vous serez fiers d'être Français et que ça ait été fait là."

"La Famille Michelin est partout : nos usines en Chine, Inde, Brésil, savent qu'elles sont Michelin."

Quelle prochaine usine va fermer ?

"Il n'y a pas de sujet de fermeture d'usine aujourd'hui, c'est clair, je n'ai pas l'habitude de la langue de bois. Aujourd'hui nous avons ce sujet-là, nous devons le traiter, mais vous avez compris que c'était un sujet positif pour la France."