Pour Vincent Peillon, la France a besoin de nouvelles réformes pour faire avancer l'éducation.
Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale. Ses principales déclarations :
2 millions et demi d'élèves déjà en vacances à cause des examens, c'est normal ?
"C'est à vous que la question est posée ! Je me suis exprimé depuis des années, ça fait trente ans que ça dure ! C'est marronnier, comme on dit dans votre métier ! On dit toujours la même chose, on ne change jamais. Nous avons adopté la loi de refondation, on repasse aux quatre jours et demi, ça secoue le pays et pourtant hier l'OCDE disait que nous sommes le seul pays du monde à être à quatre jours... La moyenne, c'est cinq jours !"
Quel effet sur la fin de saison prochaine ?
"Il faut de toute manière continuer les réformes, notre pays a besoin de réformes. On a fait des choix toujours contre notre jeunesse, même récemment : on a supprimé la formation des enseignants, on ne recrutait plus de professeurs, on n'arrivait même plus à en recruter tellement on leur fait des conditions difficiles, on n'apprend pas les langues étrangères à nos enfants, on ne s'est pas mis au numérique, et en plus on leur a supprimé du temps scolaire à la fois dans la semaine et bien entendu dans l'année qui ne va pas..."
N'y a t-il pas un paradoxe à vouloir changer les rythmes scolaires et libérer 2 millions d'élèves deux semaines avant la fin officielle des cours ?
"Ca a toujours été le cas : c'est l'organisation des examens qui est posée."
On ne peut rien faire contre ça ?
"On peut faire contre tout ! Soit on accepte que ce pays et le niveau de nos élèves continuent de baisser de façon dramatique depuis 15 ans et ça veut dire que la France de demain est condamnée. Soit on opère le redressement et c'est la tâche que m'a confié le Président de la République. Quand on le fait, on sort de la volonté de faire des annonces, on voit la difficulté de réformer ce pays : nous sommes dans la réforme ! Vous y êtes, regardez bien ! On recréé une formation des enseignements, c'est fondamental, c'est ce qui nous était demandé depuis des années, on est en train de changer les rythmes scolaires, vous voyez bien les résistances."
1 élève sur 4 sera concerné à la rentrée...
"Et normalement tout le monde à la rentrée 2014"
On a entendu une maman parisienne sur Europe 1 dire qu'elle n'avait aucune information sur les activités qui seront proposées... Ca a l'air difficile à mettre en place...
"Tout ce qui est nouveau ! C'est pour ça que notre pays a peur du neuf et sombre : c'est nouveau. Et en plus, il fallait se parler puisque, pour la première fois, on fait des projets éducatifs de territoire où, parents, professeurs, collectivités locales doivent travailler ensemble. Alors qu'en France, chacun dans son coin... On s'en plaint d'ailleurs ! On dit que l'école est fermée sur elle-même. Là, tout le monde doit travailler ensemble. Ceux qui n'avaient pas le temps de le faire attendront 2014 pour faire au mieux pour les enfants, c'est important."
Nous serons à 100% à la rentrée 2014 ?
"Bien sûr ! C'est le décret, c'est la règle, la loi. Je voulais dire, sur Paris : un travail extraordinaire a été fait, difficile on l'a bien vu, avec un seul souci, c'est le mien, pour que les élèves aient un meilleur temps scolaire. Parce que 25% des élèves qui arrivent en sixième ne savent pas convenablement lire, écrire, compter. Il faut redonner un bon temps scolaire : trois heures le mercredi matin pour travailler, c'est mieux que ces trois heures après cinq heures de cours. Hier encore l'OCDE disait que nous avons le moins de jours de cours par an mais les journées les plus chargées. Nous faisons une grande réforme, il y a des difficultés car nous changeons des habitudes."
L'école va devenir une garderie ?
"Il ne faut pas que ça devienne une garderie ! C'est fait pour développer des activités periéducatives : culturelles, sportives, ça peut aussi être faire ses devoirs à l'école. Chacun doit construire son projet. Mais ils n'ont pas moins d'heures de classe ! C'est ce que les gens doivent comprendre, il y a toujours le mercredi, on refait trois heures de classe. Il n'y a pas plus de temps périscolaire qu'avant, il est organisé différemment et, normalement, plus intelligemment, même si, ici ou là, il peut y avoir des difficultés. De ce point de vue là, nous avons en plus, et c'est la première fois, rajouté de l'argent d'Etat pour organiser ces activités périéducatives, c'est le fond."
"La CAF a annoncé cette semaine qu'elle rajoutait 53 euros par enfant sur ces activités périéducatives. Pour aller au bout, comme il y a de très grandes inégalités, de 1 à 10 sur le périscolaire, on est en train de les découvrir, c'est ce qui fait que les uns et les autres sont étonnés de ce qui se passe car on mettait la poussière sous le tapis, le Président a décidé que ce fonds d'aide aux activités périéducatives serait plus important pour les communes en difficulté que celles qui ne le sont pas. Il y a les communes les plus pauvres de France, Denain dans le Nord par exemple, qui sont en train de passer aux quatre jours et demi, qui se réjouissent de pouvoir offrir à leurs élèves des activités qu'ils n'avaient pas."
Y'aura t-il d'autres recrutements en plus des 60.000 postes ?
"Oui. Ces 60.000 postes sont fait d'une part pour remettre en place la formation des enseignements, elle démarre avec les écoles supérieures du professorat de l'éducation qui n'auront rien à voir avec les IUFM à la rentrée, c'est 27.000 postes. Ce n'est pas perdu, c'est le plus important, des maîtres formés, les parents le comprennent. Il y aura des postes pour l'accueil des moins de 3 ans, des postes pour de nouvelles pédagogies en cours préparatoire pour mieux réussir les apprentissages fondamentaux. Et puis le Président et le Premier ministre nous ont accordé 30.000 postes supplémentaires qui iront à la rentrée pour aider les directeurs d'école. Il faut que vous imaginiez qu'il y avait 25.000 aides à la direction d'école il y a trois ans, que la droite en a supprimé 15.000 en deux ans. Nous en remettons 10.000 cette année pour accueillir les parents, faire que les activités périéducatives se déroulent mieux dans l'école, faire les inscriptions. Il y aura 8.000 postes pour l'aide aux enfants en situation de handicap : la France a choisi d'accueillir les enfants en situation de handicap dans l'école, dans cette loi dont vous parlez, que nous avons adopté définitivement hier, nous l'avons pour la première fois inscrit, c'est l'école inclusive. 8.000 postes pour accompagner les enfants en situation de handicap, et je mets en place une formation."
"Il y aura 10.000 postes, je l'annonce ce matin chez vous, spécifiquement pour le secondaire, pour faire qu'il y ait plus de sérénité, de sécurité, d'adultes dans nos établissements"
On passe à 70.000 postes : de quel type de personnel s'agit-il ?
"Nous avons fait le choix sur ces contrats, qui sont des contrats qui dureront entre 10 mois et 2 ans mais qui seront renouvelables, de prendre des gens qui sont diplômés. Vous savez qu'il y a les emplois d'avenir qui s'adressent en très grande partie à ceux qui sont sans diplôme, sortis du système en difficulté. Nous, nous voulons aider et utiliser ceux qui peuvent avoir une licence, un BTS et sont sans emploi ou même veulent continuer leurs études, car une partie de ces contrats ne sera pas à plein temps."
L'Etat a les moyens d'embaucher 10.000 personnes supplémentaires ?
"Ce sont les contrats aidés dont nous avons parlé. Ils sont budgétés. Il faut réamorcer la pompe économique, donner de l'espérance : nous avons toute cette jeunesse qui est diplômée, a fait les efforts de réussir, et se trouve à un moment de jonction sans emploi. Nous concevons aussi une formation pour eux et les parcours car la question se posera : quand ces contrats se terminent, que deviennent-ils ? L'Education Nationale est une grande maison, nos besoins sont importants, nous réfléchissons à leur donner derrière aussi une perspective, d'où l'importance des formations que nous mettons en place."
"Pour ce qui concerne les enfants en situation de handicap, Pénélope Komites a remis son rapport : nous devons aussi faire de ces métiers des vrais métiers. Une formation, une qualification, et derrière, des CDI. Aujourd'hui, ceux qui s'occupent des enfants en situation de handicap sont trop dans la précarité."
Un dernier mot sur Jérôme Cahuzac auditionné aujourd'hui : a t-on tiré toutes les leçons ?
"Je pense qu'on a fait un grand progrès. Vous aurez noté, et c'est un peu triste d'une certaine façon, que, chaque fois, les lois de transparence, qui sont fondamentales, c'est la République, c'est la vertu d'abord, Montesquieu, Rousseau, elles viennent quand il y a des affaires. Là, le Président de la République, contre beaucoup vous l'avez noté, les résistances sont fortes dans notre pays, a voulu que nous allions plus loin. Moi je m'en réjouis profondément. Mais aussi sur l'aspect qui concerne la fraude fiscale, j'ai présidé il y a quinze ans la plus longue mission de la Vè République : nous avançons, je salue ces avancées."