Après les annulations des conférences de Sylviane Agacinski à Bordeaux et de Mohamed Sifaoui à la Sorbonne, Nicolas Beytout s'inquiète pour la liberté d'expression dans les universités.
Nicolas Beytout revient sur deux événements qui se sont produits la semaine dernière dans des Universités, l’un à Bordeaux et l’autre à Paris.
Deux événements dont la concomitance est certainement due au hasard, mais qui tous les deux créent un profond malaise. Le premier est l’annulation d’une conférence d’une célèbre philosophe, Sylviane Agacinski, qui a été empêchée de s’exprimer dans l’enceinte de la faculté de Bordeaux-Montaigne.
L’Université a préféré annulé la conférence parce qu’elle ne pouvait pas "assurer la sécurité des biens et des personnes".
Parce que de graves menaces avaient été proférées contre la philosophe accusée d’être "réactionnaire, transphobe et homophobe". Ce sont des associations homos et transgenres qui sont à l’origine de cette atteinte à la liberté de penser. Elles voulaient "tout mettre en œuvre pour que cette conférence n’ait pas lieu", tout faire pour interdire à Sylviane Agacinski de développer ses idées. La philosophe est opposée à la PMA pour toutes, persuadée que c’est un pas vers l’inévitable installation dans notre droit de la GPA, elle émet des doutes sur le fameux "droit à l’enfant". Voilà pourquoi des ennemis du débat l’ont censurée, voilà son délit d’opinion, elle qui a été une pionnière de la parité homme-femme et une militante du mariage homosexuel. Aux yeux de ces médiocres ennemis de la liberté de penser, elle ne devrait pas avoir le droit de douter de la marchandisation du corps humain, et encore moins de le dire.
Et à Paris, que s’est-il passé ?
Quelque chose de très semblable. Mais cette fois, c’est un écrivain-journaliste qui a été empêché de dispenser une formation sur la "prévention du radicalisme, et sur la détection des signaux faibles". Le rapport avec l’affaire Agacinski ? C’est l’Université de Panthéon-Sorbonne qui a annulé l’intervention de Mohamed Sifaoui après avoir reçu des pressions et des menaces venues, dit-il, "d’associations islamistes et de syndicats gauchistes", dont certains avaient clairement annoncé la couleur : "refuser que les Universités soient les laboratoires des politiques répressives et islamophobes de demain". Et rien de mieux, dans ce cas, qu’une intimidation.
Ce qui est grave, dans ces deux affaires, c’est bien sûr la censure, les menaces, la dictature de la pensée que certains voudraient imposer. Mais le pire, c’est que ça se passe dans des Universités.
Là où la liberté de pensée est la règle ?
Exactement et depuis des siècles. Voir ces sanctuaires dégradés par des petites minorités violentes devrait fonctionner comme un signal d’alerte. Et aurait dû indigner et mobiliser dans toutes les familles politiques, chez tous les intellectuels. Or ils sont pour la plupart restés bien silencieux. Terrible, là aussi.