Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il estime qu'Emmanuel Macron aurait tout intérêt à s’inspirer de certains de ces ainés et notamment de Chevènement, surtout en matière de gouvernance.
Comme à chaque fin d’été, c’est la rentrée littéraire. Sauf que cette fois, ce ne sont pas seulement des dizaines de romans qui arrivent en librairie, mais aussi de nombreux livres politiques.
Avec une tendance très nette aux essais à forte tonalité anti-Macron. Une rafale de critiques, tirée successivement par Nicolas Hulot, Laurent Berger (le patron de la CFDT) et surtout par Lionel Jospin qui, à 83 ans, a revêtu le costume de l’ange exterminateur du néo-libéralisme et de la politique menée par un jeunot qu’il ne comprend absolument pas : Emmanuel Macron. Pas sûr que ça fasse bouger les lignes, tellement tout ça semble convenu. Et puis, il y a un livre, très différent celui-là, que vient de publier Jean-Pierre Chevènement, avec un drôle de titre.
"Qui veut risquer sa vie la sauvera".
Exactement. Jean-Pierre Chevènement, c’est une figure politique originale, celle d’un républicain de gauche, profondément attaché à l’État, qui fut successivement ministre de l’Industrie, de l’Éducation, de la Défense puis de l’Intérieur. Partout, il a défendu une conception de la France et de l’indépendance. Ce livre de mémoires lui permet de rappeler quelques principes fondamentaux comme la laïcité, l’unité de la République ou l’importance de l’école (celle qui sent bon la discipline et les préceptes des maîtres de la IIIe République). Bien sûr, il parle de la présidence Macron, mais pas pour tirer à vue, non, plutôt pour donner ce qui ressemble à des conseils.
Par exemple ?
Comment reconquérir les couches populaires, celles que la gauche a perdues, qui n’ont "pas le temps d’attendre une recomposition de la gauche improbable à court terme" : il faut lui parler pouvoir d’achat, école, logement, politique industrielle, et bien sûr, sécurité et régalien. Il faut, dit-il, "faire vibrer la corde nationale" et savoir "prendre le contrepied" de ce qui plaît tant aux bobos. Une manière d’élargir sa majorité là où elle flanche, à gauche.
Jean-Pierre Chevènement est célèbre pour cette phrase qu’il a d’ailleurs lui-même mise en pratique "Un ministre ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne". Il en parle, dans son livre ?
Bien sûr, c’est un de ses best-of ! Ce qui est certain, c’est qu’il ne serait pas à l’aise dans un gouvernement qui, comme celui de Jean Castex, laisse les ministres polémiquer entre eux sur l’ensauvagement de la société, ou qui tolère qu’on pétitionne contre un projet de loi (c’est le cas de Barbara Pompili qui signe une pétition contre les pesticides). On ne sait pas si Emmanuel Macron a reçu le livre, et s’il le lira. Mais si c’est le cas, il y trouvera certainement un mode d’emploi très utile pour se doter de ce qui semble décidément lui manquer : l’autorité. Celle sur son gouvernement ou sa majorité. Et puis, plus généralement, cette autorité qui, dans ce qu’ils décryptent de la politique du chef de l’État, semble manquer aux Français.