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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse au record de longévité de Bruno le Maire en tant que ministre de l’Economie et des Finances. Il est en poste depuis quatre ans et 12 jours, ce qui le place juste devant Christine Lagarde ou Pierre Bérégovoy.

Le Conseil des ministres examinera mercredi un nouveau Projet de loi de Finances rectificative avec 15 milliards d’euros de dépenses nouvelles pour accompagner la sortie de crise sanitaire. Jamais la France n’a autant dépensé pour soutenir son économie, mais c’est un autre record sur lequel Nicolas Beytout s’arrête ce lundi matin.

Oui parce que, ce week-end, Bruno Le Maire a battu un record de longévité en tant que ministre de l’Economie et des Finances. Il est en poste depuis 4 ans et 12 jours, ce qui le place juste devant Christine Lagarde ou Pierre Bérégovoy. Et au total, depuis qu’existe la Vème République, seul Valéry Giscard d’Estaing a tenu ce portefeuille plus longtemps. Mais c’était il y a près de 50 ans. C’est une petite revanche pour Bruno Le Maire qui, il y a une dizaine d’années, s’était fait souffler la place de ministre des Finances par François Baroin qui ne règnera sur Bercy que moins d’une année.

Médaille d’argent pour Bruno Le Maire, donc. Est-ce que ça a de l’importance ?

En dehors de la gloriole ? Pour répondre, deux chiffres. En 30 ans, la France avait connu une vingtaine de ministres des Finances, soit un turn over unique dans tous les pays occidentaux. Etre là depuis 4 ans en tant que grand argentier d’un des pays les plus riches au monde, ça donne une autorité incontestable. Sur son administration d’abord (celle de Bercy compte plus de 120 000 agents, et une Direction du Trésor qui ne s’en laisse pas compter). Ca donne aussi de l’autorité et du poids à l’international (Bruno Le Maire me disait hier qu’il est désormais le plus ancien membre du G7, avec son homologue japonais). Lorsqu’il faut défendre une voie française, c’est essentiel. Et puis ça permet enfin de peser sur la politique intérieure. Bruno Le Maire fait partie (avec Jean-Michel Blanquer) des rares ministres de poids à n’avoir pas bougé depuis le début du quinquennat, son influence s’en ressent forcément.

Par exemple ? Sur quel type de dossiers ?

D’abord sur la ligne politique. Le penchant d’Emmanuel Macron pour une politique économique de droite doit beaucoup à Bruno Le Maire qui, lorsqu’il ne se pique pas de réinventer le capitalisme, est évidemment un libéral. Sur la gestion du quoi qu’il en coûte, sur le refus d’un nouveau plan de relance, sur le niet à toute hausse des impôts. Et plus globalement sur une vision (assez constante malgré le choc sanitaire) de la priorité à mettre sur les entreprises. Cette constance-là, elle est très précieuse.

Et pour lui, personnellement, ce record change quelque chose ?

Il l’a dit à plusieurs reprises, il soutiendra la réélection d’Emmanuel Macron. Après 2022, avec probablement 5 années à Bercy, il pourra s’autoriser quelques ambitions, y compris sur des postes à l’international. Mais bien sûr, pour ça, il faut d’abord réussir la sortie de crise.