C’est un incroyable record qui a été annoncé hier par Pôle Emploi : en mars, le nombre des chômeurs a bondi de près de 250.000 personnes. C’est 3 fois plus que le précédent record, au plus fort de la grande crise de l’euro, en 2009.
Oui, c’est un incroyable, mais aussi un triste record puisque jamais, depuis qu’existe cette série statistique sur l’emploi, jamais un indicateur mensuel n’a fait un tel bond. Et pour bien comprendre le côté incroyable de ce chiffre, 250.000 inscrits supplémentaires, c’est 3 fois plus que le précédent record, au plus fort de la grande crise de l’euro, en 2009. Dans la foulée de ces chiffres, le gouvernement a annoncé qu’il allait engager une réflexion avec les partenaires sociaux pour « adapter rapidement » l’assurance-chômage à cette situation exceptionnelle. Oui, c’est la suite de ce qui avait été décidé au tout début du confinement : la réforme de l’assurance-chômage devait entrer en vigueur par paliers. Un premier en novembre dernier, un autre en avril, etc… Et bien tout ce qui n’était pas encore appliqué est suspendu. Mais, notez bien, le gouvernement dit qu’il va « adapter » la réforme, pas l’enterrer.
Ça ne serait donc pas un renoncement pur et simple ?
On verra assez vite. Naturellement, dans cette période folle où toutes les opportunités d’emploi ont disparu, pénaliser les chômeurs parce qu’ils ne cherchent pas ou ne trouvent pas de travail serait une injustice (et une aberration). Mais après ? C’est là que la question va se poser. C’est là qu’une partie du rebond du pays va se jouer. Le gouvernement a déjà renoncé à sa grande réforme des retraites. Motif, là encore compréhensible : ce n’est pas l’urgence, et puis pas besoin de sujets qui fâchent en ce moment. Mais les choix politiques, les options qui étaient les bonnes, avant, le redeviendront un jour. Et encore plus lorsqu’il faudra absorber tout ce qui aura été injecté dans l’économie, et rembourser les dettes. Parmi ces choix politiques, au début du quinquennat, Emmanuel Macron en avait privilégié deux : inciter au travail, et donner la priorité aux revenus du travail sur les revenus de remplacement. Travailler plus et plus longtemps, c’est-à-dire sortir plus vite du chômage et partir plus tard à la retraite. Si ces deux piliers du programme initial du chef de l’Etat étaient totalement abandonnés pour cause de coronavirus, alors, ça pourrait vouloir dire que la France sortira de cette crise encore plus irréformable qu’avant. Saleté de virus.