Confinement : ça illustre bien l’exercice de l’État en macronie !

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse à la complexité des modalités de ce nouveau "confinement". Un véritable cafouillage qui a animé tout le week-end et qui illustre l’exercice de l’État en macronie.

Nicolas Beytout revient sur le cafouillage qui a animé tout le week-end autour des modalités du 3ème confinement. Enfin, "confinement" si l’on peut dire.

Oui, parce que la créativité dont ont fait preuve l’Élysée, Matignon et les différents ministères qui se sont exprimés sur ce troisième confinement imposé à 21 millions de Français laisse pantois. Pour ne pas dire ce mot "confinement", histoire de ne pas reconnaître qu’Emmanuel Macron avait raté son pari de ne pas enfermer à nouveau la population, ils ont fait dans la périphrase, dans la circonvolution, dans l’euphémisme, en tout cas pas dans la simplicité. Et bien entendu, cette incapacité à dire les choses et à les faire simplement, s’est retrouvée dans ce qui est devenu l’affaire de l’attestation.

C’est-à-dire de l’imbroglio sur l’attestation de sortie à présenter en cas de contrôle. Attestation qui a été rapidement retirée.

Mais elle restera comme un monument, avec ses 15 motifs différents de déplacement, ses kilométrages variables (1, 10, 30). Une merveille bureaucratique dans le genre grotesque. Et si Emmanuel Macron voulait essayer de capitaliser sur ce vrai-faux confinement, sur cette liberté à moitié préservée, c’est raté. Ce qui est d’ailleurs frappant, c’est de voir à quel point cet épisode illustre l’exercice de l’État en macronie.

L’exercice de l’État ?

Le mode de gouvernement, la conduite des affaires publiques. Qu’il le veuille ou non, beaucoup du quinquennat d’Emmanuel Macron se retrouve dans cet imbroglio sur l’attestation. D’abord l’exigence que met le chef de l’État à trouver des solutions qui ne sont pas celles qu’on lui suggère, ou pas celles qu’adoptent les autres. C’est cette capacité à penser différemment, hors du cadre (out of the box, dit-on à En Marche) qui lui a permis de trouver cette voie de passage et de gauche et de droite. C’est ce refus des schémas préétablis que l’on retrouve souvent dans son action internationale, ou dans des réformes comme les ordonnances sociales. Sauf que parfois, ça rate. On pense à l’exemple des retraites ou à cette recherche d’une nouvelle démocratie avec les conventions citoyennes.

Et donc, même chose pour le troisième confinement.

Absolument. Emmanuel Macron a voulu une sorte de troisième voie entre le couvre-feu et le reconfinement. Il a imaginé un autre système, entre diktat des médecins et angoisse des économistes, un mix dont l’application a été un flop retentissant. On retrouve là l’autre caractéristique de l’exercice de l’Etat en macronie : l’impossibilité pour le Président de faire bouger les rouages étatiques, son incapacité à bousculer le mur de l’État profond, à imposer ses décisions sans qu’elles soient travesties ou caricaturées en hyper-bureaucratie. La faute à la passion française pour la paperasse, et à celui qui n’a pas su y mettre fin.