Face à la pandémie de Coronavirus et au risque sanitaire majeur en France, Emmanuel Macron a pris des décisions historiques qu'il a annoncé dans une allocution ce jeudi soir. Pour Nicolas Beytout, le président a eu un discours pédago et politique, sûrement le meilleur depuis le début du quinquennat.
Le discours d’Emmanuel Macron a-t-il été bon ?
Il a été bon dans la forme. Un peu long comme toujours mais fluide et pas grandiloquent, alors que le sujet s’y prêtait. Pour Nicolas Beytout, c’était même sa meilleure prestation télé depuis le début du quinquennat.
Et sur le fond ? Il a appelé à la mobilisation générale.
Il a appelé à "faire bloc", à "tenir ensemble", à être "une France unie". On ne sait pas si c’est une malédiction ou un signe du destin, mais tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont eu à affronter à un moment de leur quinquennat une crise absolue. La crise de 2008 pour Sarkozy et les attentats pour Hollande. Ce qui s’est passé, à ce moment-là de leur mandat, a constitué pour eux un marqueur essentiel. Pour Emmanuel Macron, la mobilisation contre cette monstrueuse crise sanitaire avec le discours de ce jeudi soir figurera sûrement comme un temps fort de sa présidence. Ce qu’il avait à faire était assez difficile, comme toujours dans ce que l’on appelle la communication de crise. Il fallait trouver le bon dosage entre les mots et entre les mesures, pour mobiliser sans faire paniquer.
A-t-il été pédago ?
Et politique, aussi. Pédago en expliquant pourquoi il fallait protéger et confiner les plus fragiles, pourquoi il fallait accepter des sacrifices et fermer les écoles et les crèches. Pédago en se référant systématiquement aux avis scientifiques, pour convaincre bien sûr, mais aussi évidemment pour se protéger de la critique.
Pédago et politique ?
Oui. D’abord dans son refus de verrouiller le territoire, de fermer les entreprises et les commerces. C’est la part libérale du chef de l’État qui s’exprimait là, comme dans cette insistance qu’il mettait à défendre l’idée que l’économie devait être sauvée "quoi qu’il en coûte".
Cette expression "quoi qu’il en coûte" lui a aussi beaucoup servi pour défendre le modèle français de santé gratuite et performante, pour promettre de reprendre le contrôle de ces activités qui, dit-il, doivent échapper à la loi du marché. C’est l’autre part d’Emmanuel Macron, le côté gauche du "en même temps". Selon Nicolas Beytout, ce discours restera comme un marqueur essentiel, qui exprime ce que le chef de l’État veut faire de la suite de son quinquennat.