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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il revient sur les nouvelles restrictions sanitaires annoncées par le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce mercredi. Selon lui, le gouvernement n'a plus le choix des armes face au virus qui reprend du terrain. Le reconfinement n'est pas envisageable économiquement pour le pays.

On s’y attendait depuis quelques jours, Olivier Véran a donc annoncé ce mercredi soir un durcissement du dispositif de lutte contre le Covid.
Il ne faut pas se le cacher, ce durcissement est un constat d’échec. Le combat contre le virus, tel qu’il avait été mené depuis l’été, n’a pas donné de résultat. Au contraire, puisque l’épidémie est repartie. Ballotés entre les prévisions apocalyptiques du Conseil Scientifique et le souhait du gouvernement d’alléger le dispositif, les Français, peuple réputé indiscipliné, ont choisi : pas de prise de conscience de la gravité potentielle de la situation.
Et donc, durcissement et changement de stratégie ?

Exactement. On n’est pas dans le confinement (pas encore). On n’est même pas dans le déconfinement, lorsqu’on ne pouvait pas faire plus de 100 kilomètres hors de son domicile. Mais on n’est plus dans cette sorte de liberté bridée qui existait depuis 15 jours. On avait eu la guerre contre le virus, puis l’armistice, nous voilà repartis dans une drôle de guerre.

Pourquoi une drôle de guerre ? Vous voulez dire comme en 1940 ?

Celle qui suit une défaite, oui. Parce que le gouvernement n’a plus les moyens de se battre à armes égales avec le virus. Nous avons utilisé une fois l’arme atomique, le confinement. Elle a détruit des pans entiers de l’économie, fait des centaines de milliers de victimes, touchées dans leur emploi, et dans leur vie familiale et sociale, mais cette bombe n’a pas détruit totalement le Covid. Pourtant, impossible de la réactiver une nouvelle fois. Le pays n’y survivrait pas. Voilà donc le gouvernement obligé de mener une guerre assymétrique. Désormais, au lieu du carpet bombing, on choisit la frappe chirurgicale sur une ville, sur un secteur, sur des horaires d’ouverture, sur des types d’événements et pas sur d’autres. Mais rien ne dit cette fois que ça va marcher.
Pourquoi ?

Parce que, sauf à Marseille, bien sûr, il manque une donnée essentielle au dispositif : la contrainte. Les Français ont démontré, depuis cet été, qu’ils ne savaient pas (ou pas tous) être suffisamment responsables. L’appel à la responsabilité lancé par Jean Castex il y a 15 jours a fait un flop. La principale différence entre le discours d’Olivier Véran, ce mercredi soir, et les interventions successives d’Édouard Philippe en avril et mai dernier c’est que jamais le ministre de la Santé n’a parlé de sanctions alors que la menace de contravention, de rondes de police et de contrôles était permanente au printemps. Ce renversement de stratégie est le résultat d’une prise de conscience au plus haut niveau de l’État. D’abord, que le reconfinement (la coercition suprême) était totalement impossible. Ensuite, qu’il fallait laisser aux gens une partie des libertés fondamentales, celle de circuler par exemple, ou celles qui les avaient auparavant privés d’une forme absolue d’humanité. De ce point de vue, le maintien des cultes et des enterrements est un signe extrêmement fort. Pourvu que, tous les Français en prennent conscience, y compris à Marseille.