Bien ancré à Matignon, Édouard Philippe a confirmé qu'il ne serait pas candidat à la mairie de Paris.
Édouard Philippe a annoncé ce dimanche qu’il ne serait pas candidat à la mairie de Paris, en mars prochain. Une hypothèse évoquée la semaine dernière.
Jusqu’à ce dimanche, le Premier ministre n’avait jamais réfuté en termes clairs cette idée d’une candidature à Paris. Or, cela faisait près d’un an que ce scénario circulait. Depuis la crise des Gilets jaunes, lorsque les tensions ont été si fortes qu’elles ont fait vaciller le pouvoir et amené à s’interroger sur la nécessité pour Emmanuel Macron de reprendre la main politiquement, avec un remaniement.
Une fois les choses apaisées, la même question s’est posée après le Grand débat, et puis à nouveau après les élections européennes. Si la liste En Marche avait essuyé un mauvais score, alors, Emmanuel Macron aurait probablement dû marquer plus fortement son entrée dans l’Acte II de son quinquennat.
Et donc remanier en se passant d’Édouard Philippe ?
Exactement, lequel se serait donc retrouvé député de Seine Maritime et possiblement candidat au Havre. Ce qui est sûrement très bien, mais un cran en dessous politiquement. Et puis, cet été a vu germer à Paris la querelle entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani, une circonstance idéale pour qu’un tiers de confiance vienne apaiser tout ça. En plus, ça tombe bien, Édouard Philippe pouvait ramasser le vote En Marche et une bonne partie du vote de droite, cette droite parisienne qui est totalement déboussolée.
Et pourtant, c’est non. Qu’est-ce qui explique ce refus ?
D’abord, il y a déjà deux candidats En Marche à Paris, dont un seul est officiel et l’autre dissident. Si Édouard Philippe avait laissé prospérer la rumeur d’un débarquement possible dans la capitale, ça aurait encore compliqué le jeu.
Mais il y a une autre explication. Édouard Philippe a envie de rester à Matignon. Il veut faire aboutir le travail de réforme entrepris, il est loyal au chef de l’État. Le couple Élysée-Matignon fonctionne bien et même mieux que d’habitude sous la Ve République.
Emmanuel Macron partage ce point de vue ?
Pour autant qu’on le sache, oui. Le moment n’est pas venu de changer de Premier ministre. Il n’y a pas de justification politique à ça. Et puis surtout, par qui le remplacer ? Par quelqu’un venu de la droite ? Pas simple comme message au moment où l’Élysée multiplie les cartes postales envoyées à l’électorat de gauche. Par quelqu’un issu de la gauche ? La réalité oblige à dire que les candidats qui sont au niveau ne se bousculent pas. On l’a d’ailleurs vu clairement ce week-end à Bordeaux, où le parti présidentiel tenait son "Campus des territoires", son Université d’été.
Les participants étaient beaucoup plus nombreux que dans les campus de tous les autres partis, beaucoup plus jeunes aussi. Mais en dehors des nombreux ministres et des têtes d’affiches venus d’autres partis alliés (par exemple François Bayrou), il y avait peu de cadors et pas encore de ténors politiques. Le mouvement d’Emmanuel Macron a encore beaucoup à apprendre pour passer du stade de machine de perturbation électorale (comme en 2017), à un vrai parti capable de structurer une offre politique et des candidats par centaines. Un vrai parti à l’ancienne, quoi.