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La crise n'épargne pas le parti présidentiel, secoué depuis plusieurs semaines par des remous en interne. Alors qu'Emmanuel Macron tente de préparer "le monde d'après" le coronavirus, en recevant la patronat, les syndicats et les responsables politiques, sa base arrière s'effrite. 

Emmanuel Macron a lancé des consultations tous azimuts, politiques, patrons, syndicalistes, pour préparer la sortie de crise du Coronavirus. Mais il y a, dans le dispositif, une pièce qui va lui faire défaut et compliquer la reconquête.

Oui, et cette pièce, ce rouage, c’est La République en Marche. Ca peut paraître étrange, parce que c’est son parti, c’est le mouvement qui porte ses initiales, l’instrument de sa conquête du pouvoir et le bras armé de sa politique. Et pourtant, tout y tourne de travers depuis un certain temps.

C’est d’abord dû à la jeunesse du mouvement : dès le début, des députés, totalement novices, se sont découragés. Ils croyaient avoir du pouvoir, les naïfs, alors qu’ils n’étaient qu’un parmi des centaines de parlementaires. Ils croyaient faire la loi alors qu’ils devaient faire les marchés. Premières déconvenues.

Et donc il y en a eu d’autres ?

Oui, des lâchages par-ci par-là. Rien de préoccupant, surtout pour un parti qui détient la majorité absolue. Jusqu’au jour où il l’a perdue, justement. Les départs du groupe parlementaire se sont multipliés, avec ces dernières semaines deux grosses voies d’eau.

Et cette fois, le problème n’était pas la jeunesse du mouvement mais sa genèse, le fameux et de gauche et de droite. La gauche du parti s’est très vite considérée abandonnée, décalée vis-à-vis de l’orientation jugée droitière des réformes fiscales et sociales. Et les centristes du mouvement, à leur tour, ont filé vers la droite, pour fonder un mini-groupe parlementaire et devenir enfin ce nain qui, juché sur les épaules du géant, lui permet de cueillir des fruits (de décrocher la majorité). 

Des départs vers la gauche, d’autres vers la droite. Ça peut peut-être permettre au parti d’Emmanuel Macron de conserver son centre de gravité "et de gauche et de droite" ?

Ça aurait pu, sauf que la préparation du second tour des municipales est en train d’envoyer un solide message de droite. Dans cinq des dix plus grandes villes françaises, La République en Marche s’est rangée derrière le parti Les Républicains.

Lyon, la ville du retour raté de Gérard Collomb, a été un détonateur. A Bordeaux, Toulouse, Rouen, Tours, à chaque fois le parti du Président a fait allégeance à la droite, laquelle lui a rendue la politesse, par exemple à Strasbourg. Bien entendu, les organes dirigeants des deux partis prennent bien soin d’expliquer que ces accords sont strictement locaux. Et qu’ils n’engagent en rien sur la suite, au niveau national. 

Pas d’accord entre partis, donc : que du local. 

Voilà. C’est un peu une posture. Car en réalité, ces accords sont un peu le reflet de ce qui se passe à l’intérieur même du parti du Président, et à sa tête en particulier. Les deux dirigeants du mouvement ne se parlent plus, sur fond de tension politique, et les petites mains remarquent que le Délégué général, Stanislas Guérini s’appuie de plus en plus, autour de lui, sur des personnalités venues de la droite, ex-UMP ou Républicains.

Petit à petit, le positionnement central d’En Marche devient un positionnement centriste. Et comme le disait François Mitterrand, en France, le centre n’est ni de gauche, ni de gauche.