Pour deux ministres importants du gouvernement, Gérald Darmanin et Olivier Véran, l'heure est à l'examen de passage. Le ministre des Comptes publics cumule est depuis ce week-end maire de Tourcoing, en attendant peut-être mieux dans quelques semaines. Le ministre de la Santé s'engage lui dans un marathon de six semaines avec la présentation du "Ségur de la Santé".
C’est une période-test qui démarre aujourd’hui pour deux ministres importants du gouvernement.
Pour Gérald Darmanin et pour Olivier Véran, deux jeunes ministres (37 et 40 ans) qui, pour des raisons diverses, abordent en ce moment-même une étape de leur carrière politique qui pourrait être déterminante pour la suite. Pour Gérald Darmanin, qui a été largement élu à la tête de la ville de Tourcoing, samedi dernier, c’est une période de cumul de mandats qui commence. Maire il est, ministre il restera.
Un cumul de mandats qu’Emmanuel Macron s’était engagé à proscrire.
Oui, il avait même obtenu de Jean-Yves Le Drian qu’il abandonne sa fonction de président de la Région Bretagne pour faire partie du gouvernement, ce que François Hollande n’avait pas obtenu avant lui. Mais voilà, Gérald Darmanin affirme que le chef de l’Etat et le Premier ministre l’ont "autorisé pendant un temps et au vu des circonstances exceptionnelles à exercer les deux fonctions".
On verra bien ce que ça veut dire "autorisé pendant un temps", mais l’ambitieux ministre des Comptes publics peut déjà savourer d’avoir su imposer ses cartes. Il avait dit très tôt qu’il serait candidat, candidat pour être maire, tout en travaillant à renforcer son poids politique dans l’équipe d’Edouard Philippe.
En somme, il a réussi à faire que ce soit compliqué pour Emmanuel Macron de choisir de le sortir du gouvernement. Le voilà en position d’attente, bien placé pour obtenir un plus gros portefeuille si jamais il y avait remaniement, ce dont il ne se cache pas.
Il le dit d’ailleurs sans détour dans une interview au JDD : "Je veux peser ".
C’est ce qui va se jouer dans les semaines qui viennent. Pourra-t-il continuer à cumuler malgré les nombreuses critiques sur cette exception dont-il bénéficie ? Saura-t-il garder la main ? C’est sûrement un tournant pour lui.
Et pour Olivier Véran ?
C’est le début du "Ségur de la santé", un marathon de six semaines pour reconstruire et renforcer le système de santé dont la crise sanitaire a révélé les faiblesses et les failles. Il doit aussi présenter deux projets de loi sur la dépendance. Bref, c’est aujourd’hui qu’il commence vraiment sa vie de ministre.
C’est quand même lui qui a géré la crise, en première ligne avec le Premier ministre.
Oui, mais c’était l’urgence. Mais ce n’est pas ça, le boulot de ministre. C’est aussi gérer le quotidien, c’est anticiper les gros sujets, c’est affronter les polémiques, la contestation, ce dont il a été (relativement) préservé par une forme d’union sacrée (l’affaire des masques, ce n’était pas lui).
Cette tolérance politique à son égard, c’est fini. Voici venir le temps des dossiers conflictuels. Ce sera son révélateur politique à lui. Et ce sera pour Emmanuel Macron, une possibilité de plus de voir si, enfin, il peut garnir ce qui lui fait tant défaut depuis trois ans : sa ligne de généraux solides au combat.