Le couple exécutif à la recherche de l'équilibre impossible entre économie et sécurité

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Les décisions d'Emmanuel Macron et de son premier ministre sont partagées, avec une grande hésitation : se concentrer a sauver l'économie du pays ou privilégié la sécurité sanitaire avant tout ? 

Une heure et 45 minutes de conférence de presse, un Premier ministre entouré de 6 ministres ; est-ce que l’annonce du déconfinement a été réussie ?
L’annonce, oui, il me semble : Edouard Philippe avait beaucoup d’informations à donner et beaucoup de messages à délivrer. Et le but premier de cette conférence de presse, qui était de fixer les grands principes de notre retour progressif à la vie normale, ce but a été atteint. Chacun des 6 ministres a été précis, plutôt concis. Et par rapport à la précédente conférence-fleuve où rien n’avait été véritablement annoncé, le changement était frappant. Ca, c’est pour l’annonce. Parce que, en vérité, tout reste à faire…
Et tout commence à partir de lundi prochain…

Date à laquelle on saura si le dispositif proposé a atteint son but. Ou plutôt ses buts (ses 2 buts) : permettre la reprise de la vie, et assurer au mieux la sécurité sanitaire. Ce sont 2 objectifs contradictoires, et on le sentait bien dans les prises de parole des différents ministres concernés. Reprendre la vie, c’était la partition de Jean-Michel Blanquer (pour l’école), de Bruno Le Maire (pour le redémarrage de l’économie) et de Muriel Pénicaud (pour le retour au travail). Préserver la sécurité sanitaire, c’était le fil rouge d’Olivier Véran (pour la santé, bien sûr), mais aussi de Christophe Castaner, et puis d’Elisabeth Borne, pour la délicate question des déplacements et des transports en commun. Trois ministres dans chacun des registres, comme un équilibre symbolique.

Cela veut dire qu’il n’y a plus de priorité sanitaire ?

Oui, c’est précisément le sens du message délivré par le Premier ministre. Et c’est un immense changement. Alors que nous vivons depuis 8 semaines sous la règle de priorité absolue donnée à la santé, et cela « quoi qu’il en coûte » à l’économie et à un certain nombre de libertés individuelles, on connaîtra enfin, à partir de lundi, un début de rééquilibrage. Et si la circulation du virus ne repart pas dans les prochaines semaines, alors de plus en plus d’activités et de loisirs seront permis, là où, au nom du tout sanitaire, elles étaient interdites jusque-là. Quand on sait que la France a détruit un demi-million d’emplois en quelques semaines seulement (c’est-à-dire qu’elle a effacé d’un coup 3 années d’amélioration de l’emploi), on se dit vraiment qu’il est temps de rééquilibrer en effet préservation de la santé et vie presque normale.

 Un message fort du Premier ministre, donc. Il y a en avait d’autres ?

Oui, des messages purement politiques, ceux-là. D’abord le fait d’être entouré d’un bon tiers de son gouvernement, c’était un signe fort sur le thème : je suis à la tête d’une équipe, je ne suis pas isolé. Et à un moment où les rumeurs de dissension avec Emmanuel Macron sont insistantes, ce n’était pas anodin. Il y a d’ailleurs répondu, à ces rumeurs, en les balayant, certain que les Français s’en contrefichent (comme lui). Bon, je ne suis pas sûr que ce soit totalement vrai, mais au moins, ça a permis à Edouard Philippe de donner à Emmanuel Macron une preuve de loyauté et de solidité. Ce sont ses 2 points forts. Les voilà opportunément rappelés.

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