Les Américains beaucoup plus préoccupés par leur porte-monnaie que par leur santé

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse aux leçons à retenir de cette élection américaine et notamment du bon score de Donald Trump. Pour lui, les Américains sont beaucoup plus préoccupés par leur porte-monnaie que par leur santé.

On est toujours dans l’expectative sur l’issue du scrutin américain, mais on connaît déjà la plupart des motivations des électeurs.

On commence à comprendre là où la plupart des observateurs se sont trompés, aussi bien les pro-Biden que les pro-Trump. Une grande partie de la campagne s’est focalisée sur la gestion du Covid. Une "gestion catastrophique", selon la plupart des commentaires et "calamiteuse", selon tous les médecins qui se sont exprimés. Et c’est vrai que, de manière caricaturale, on avait d’un côté un Biden ultra-prudent et de l’autre un Trump, lui-même guéri du Covid qui envoyait balader tous les gestes barrières dans des meetings où le port du masque était carrément mal vu de ses partisans. C’est cette option basée sur la liberté face à la maladie et à la santé qui l’a emporté.

Malgré le nombre de morts ?

En tout cas, Joe Biden, qui avait beaucoup misé sur la dénonciation des folies sanitaires de Donald Trump, n’a pas engrangé autant qu’il l’espérait. Ce n’était pas la préoccupation première des Américains. C’est ce que disent les enquêtes de sortie des urnes sur les motivations des électeurs.
Et quel est le thème qui a le plus compté ? 

"It’s the economy, stupid", "C’est l’économie qui compte, pauvre imbécile". C’est une citation, bien sûr, pas une agression contre qui que ce soit. Cette phrase est célèbre, elle date de la campagne victorieuse de Bill Clinton, en 1992. Donald Trump peut parfaitement la revendiquer aujourd’hui. C’est un fait, rarement les programmes économiques, fiscaux et sociaux de deux candidats à la Maison-Blanche ont été aussi radicalement opposés. Trump a promis de poursuivre sa politique très généreuse en matière d’impôts, à la fois ceux des particuliers et ceux des entreprises, et puis c’est la primauté absolue du Made in America, avec une bonne dose de protectionnisme. Avant d’être fauchée par le Covid, l’économie américaine affichait un chômage historiquement bas, et une hausse des revenus elle aussi historique.

Et Joe Biden ?

Un des meilleurs connaisseurs de la politique américaine disait il y a quelques jours que la victoire de Biden (à ce moment-là considérée comme inéluctable) "allait amener au pouvoir une administration probablement la plus à gauche depuis les années 60 ou peut-être même 30". Augmentation des impôts, taxation des plus riches et des entreprises, assurance-santé, le candidat démocrate a tapé fort. Et commis quelques bourdes, par exemple en promettant, au nom du climat, de s’éloigner de l’industrie pétrolière, un secteur qui fait vivre des millions de familles. C’est sûr qu’au Texas, par exemple, ça a beaucoup joué. Voilà, on ne sait pas encore de quel côté va pencher la balance, mais le score tellement élevé de Trump, victorieux ou pas, démontre une fois de plus que, dans ce pays si attaché au business, à la liberté d’entreprendre, à l’initiative personnelle, se tromper de choix, se tromper de campagne sur l’économie, it is stupid.

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