Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.
Bonjour Nicolas, vous avez aimé la nomination d’une femme à la tête d’une très grande entreprise internationale.
Oui, à la tête de Solvay, une entreprise belge de rang mondial qui avait absorbé, il y a quelques années toute la chimie d’un des fleurons français du secteur, Rhône-Poulenc. Solvay, c’est plus de 10 milliards d’euros de chiffre d'affaires et 25.000 collaborateurs dans le monde. C’est donc une femme, Ilam Kadri, qui désormais dirigera ce groupe qui a fait un moment partie du CAC 40. Ilam Kadri remplace un homme qui lui-même, ironie du sort, va revenir en France pour chapeauter une femme, la seule femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 : la patronne d’Engie, Françoise Kocher.
Ça veut dire que le chemin est encore long.
Oui, bien sûr, mais ça bouge partout. On a beaucoup parlé d’Ilam Kadri, mais il y a eu une autre nomination spectaculaire, cette semaine. Une femme, Gita Gopina, a été nommée "Chief Economist" du FMI. C’est certainement un des postes les plus influents au monde, c’est de là que partent les prévisions économiques les plus attentivement scrutées par tous les gouvernements, et tous les conjoncturistes de la planète. Et ce qui est frappant, dans cette nomination, c’est qu’elle intervient après celle, en juin dernier, d’une Française, Laurence Boone, comme "Chief Economist" de l’OCDE, et d’une américaine, en avril dernier, Penelopi Goldberg, comme "Chief Economist" de la Banque Mondiale. Voilà, c’est simple : les départements économiques des trois plus grandes institutions financières internationales sont dirigées par des femmes. Et ce n’est pas tout : Wall Street, la plus grande bourse du monde, le temple de la finance, est présidée depuis le mois de mai dernier par une femme, Stacey Cunningham.
C’est spectaculaire, en effet, mais est-ce que c’est le cas partout, et dans tous les domaines ?
Non, loin s’en faut. Ce sont les Etats-Unis qui, à ce niveau de responsabilités, sont les plus avancés. IBM, General Motors, Xerox sont dirigées par des femmes. Et derrière Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, c’est une femme qui dirige les opérations, elle s’appelle Sheryl Sandberg. En France, on n’en est pas là, mais une loi de 2011 a obligé les plus grandes entreprises à avoir 40% de femmes à leur conseil d’administration. On y est presque désormais.
Et dans les équipes, dans les directions générales ?
Là, c’est moins net. Il y a toujours peu de femmes dans les états-majors. Et cela bien que de nombreuses enquêtes démontrent leur efficacité professionnelle. Tenez, cette étude du cabinet international EY, qui estime qu’une entreprise dont les effectifs féminins passent de 0 à 30%, gagne 15% de rentabilité. Bonne nouvelle c’est que, chez nous, les effectifs des cinquante plus grandes entreprises comptent 36% de femmes et 30% de cadres. C’est beaucoup mieux qu’en Allemagne où elles ne sont que 20% parmi les cadres. Pour une fois qu’on a une meilleure performance que les Allemands.