Chaque matin, Nicolas Beytout, le directeur du journal "L'Opinion" analyse l'actualité politique et nous livre son point de vue. Ce mardi, il revient sur la mode des projets politiques de chèques qui seraient distribués par l'État.
Emmanuelle Wargon, la ministre chargée du Logement, a annoncé lundi qu’un jeune de moins de 25 ans qui commence dans la vie professionnelle pourra toucher une aide pour s’installer.
Oui, un chèque de 1000 euros pour payer le déménagement. C’est l’extension d’une aide qui existe déjà depuis deux ans et est à destination des Français qui doivent déménager pour se rapprocher de leur boulot.
Le gouvernement avait déjà annoncé au début du mois la création d’une autre aide, aux étudiants cette fois.
Oui, un "chèque psy" pour venir en aide aux étudiants qui ont du mal à traverser la crise sanitaire et se retrouvent coincés, isolés. L’idée, c’est de financer à hauteur de 90 euros une ou des consultations chez un psy. Mais ça n’est pas tout : on voir fleurir, dans cette période de Covid-19, une foule de projets d’aides, de distribution de chèques. Le plus ambitieux, c’est le chèque alimentaire qui fait partie des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Une proposition reprise au vol par des députés de la majorité comme par Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture. Le principe : donner aux consommateurs un chèque utilisable sur des produits bios, ou pour acheter des produits locaux.
Ce dernier est très complexe à mettre en place (qu'est-ce qu'un produit bio, un produit local ?) et cela risque de provoquer une brusque montée des prix sur les produits sélectionnés. Mais c’est sûr, la distribution de chèques par l’Etat est vraiment dans l’air du temps. Et on ne compte plus les projets de ce genre.
Vous avez des exemples ?
Oui et ils viennent de tous les bords politiques : le chèque carburant (pour le plein), le chèque énergie (pour le chauffage), le chèque "rebond local" contre les géants de la vente à distance, le chèque pour remplacer votre équipement ménager, ou pour consommer de la culture... Chacun y va de sa bonne idée. Il faut dire que ça a beaucoup d’avantages, cette formule du chèque : ça oblige à consommer (en ce moment, on a plus besoin de relancer l’économie que d’augmenter l’épargne des Français), ça permet d’orienter les comportements (par exemple sur le bio) et c’est limité dans le temps.
Y a-t-il aussi des inconvénients ?
Bien sûr. Cette multiplication des chèques, c’est vraiment l’explosion de l’Etat-nounou qui vous dit où consommer, quoi manger, comment se chauffer, à quel endroit s’installer. C’est l’Etat qui organise nos vie, qui dépense, verse des aides et signe des chèques pour cela. Outre qu’on ne sait pas toujours comment arrêter ce type d’aide (je pense par exemple à l’allocation de rentrée scolaire), c’est aller exactement à l’inverse de la promesse d’émancipation et d’initiative qu’Emmanuel Macron, mais aussi la droite, avaient faite il y a quatre ans. Décidément, ce Covid-19 a vraiment tout chamboulé."