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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il revient sur les retrouvailles entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe qui ont dîner ensemble ce lundi.

C’était un dîner en tout petit comité mais qui fait beaucoup parler le monde politique, Emmanuel Macron a reçu son ancien Premier ministre, Édouard Philippe, ce lundi soir.

Il l’a revu pour la première fois depuis son départ, le 5 juillet dernier. Il y a donc eu trois mois, jour pour jour. Et rien ne dit que depuis cette date, ils aient eu des conversations ou échangé des idées. "Il y a eu des SMS", assure l’Élysée. Mais pour le reste, silence sur la ligne.

Est-ce que les deux hommes sont en froid ?

Disons qu’après le limogeage un peu surprise du chef du gouvernement, il ne régnait pas une ambiance de feu. Édouard Philippe a compris a posteriori que, sans jamais l’alerter sur la prochaine fin de son bail, le président de la République avait discuté pendant plusieurs jours en grand secret avec son successeur Jean Castex. Ce n’est pas vraiment une preuve de confiance. Quant à Emmanuel Macron, il voit depuis la fin de l’été son ex-Premier ministre multiplier les apparitions médiatiques, les colloques et les interventions, parfois en se décalant complètement de l’actualité pour parler de son service militaire ou de musique classique, par exemple. Un grand classique de la communication. Dominique Strauss-Kahn appelait ça la stratégie des petits cailloux. Nicolas Sarkozy, lui, parlait plutôt d’envoyer des cartes postales. Mais à chaque fois, l’objectif était le même : ne pas disparaître du champ médiatique et donc du champ politique.

Et du côté d’Emmanuel Macron ?

L’objectif c’est de garder Édouard Philippe pas trop loin de son dispositif. Le dîner de ce lundi soir a été annoncé par l’Élysée, ce qui n’est pas neutre. Le chef de l’État est parfaitement conscient de la popularité de son ancien Premier ministre et parfaitement conscient aussi des doutes qui planent sur Jean Castex. C’est très tendance en ce moment, le Castex bashing. Mais un proche d’Édouard Philippe assure que l’ancien Premier ministre ne se laissera pas aller à ce petit jeu-là. Non, la stratégie d’Emmanuel Macron, c’est de garder le compas le plus ouvert possible. La lecture des sondages lui confirme que la France est à droite. Édouard Philippe est clairement identifié à droite, le chef de l’État ne doit donc pas le laisser s’éloigner.

Quitte à lui confier un rôle particulier ?

Lors de son départ de Matignon, l’Élysée avait communiqué sur le rôle de rassembleur de la majorité qu’Édouard Philippe pourrait jouer à l’avenir. Mais rien de concret n’en est sorti, et il n’est d’ailleurs pas évident du tout que ce soit sa tasse de thé. Les structures et les partis, ce n’est pas vraiment son truc, lui qui a quitté les Républicains mais n’a jamais adhéré à En Marche. Et puis surtout, le chef de la majorité c’est Jean Castex, c’est le Premier ministre. C’est donc lui qui aurait le plus à s’inquiéter d’un rôle formel de son prédécesseur sur la majorité. C’est lui qui doit être le plus avide de savoir ce qui s’est dit ce lundi soir.