Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse au plan de relance qui vient compléter et confirmer un dispositif totalement tourné vers ce que l’on appelle "la politique de l’offre". Le gouvernement fait donc le choix de soutenir les entreprises et de tout consacrer à leur sauvetage et à leur relance.
Le plan de relance, qui doit être annoncé jeudi prochain, a déjà commencé à être dévoilé ce mercredi par Jean Castex, devant les patrons.
Dans tous ses aspects, ce plan vient compléter et confirmer un dispositif totalement tourné vers ce que l’on appelle "la politique de l’offre". C’est une expression couramment utilisée par les économistes. On parle de "politique de l’offre" ou, à l’inverse, de "politique de la demande".
Ce qui veut dire ?
Faire une politique de l’offre, c’est faire des choix tournés vers la production ou vers les entreprises. Une politique qui soutient leur fonctionnement afin qu’elles puissent être plus efficaces et performantes pour fournir (offrir) des biens et des services. Faire une politique de la demande, c’est au contraire aider la consommation, soutenir le pouvoir d’achat des ménages pour créer ou satisfaire leur demande de produits ou de services.
Ce qui veut dire que la politique du gouvernement ne se concentre pas sur les ménages, mais sur les entreprises ?
Absolument. Parce que le chômage partiel et les aides sociales ont déjà été massivement déployés (et vont continuer à l’être). Le gouvernement fait l’analyse que le plus important pour sauver l’économie, c’est de tout consacrer au sauvetage et à la relance des entreprises avec une baisse massive des impôts, le maintien des dispositifs d’allègement exceptionnels décidés pendant le confinement et la promesse de stabilité dans la politique fiscale. À ce niveau, c’est un choix et un engagement rares. Bien sûr, il est arrivé souvent que des hommes politiques défendent des politiques pro-entreprises, y compris devant le Medef. Mais soit ils se faisaient alors démolir par leur propre majorité (par exemple Manuel Valls qui avait osé dire qu’il aimait l’entreprise). Soient ils contrebalançaient leur discours par une dénonciation des patrons qui traînent les pieds ou se comportent comme des voyous (c’était une spécialité de Jacques Chirac, et un peu de Nicolas Sarkozy).
Et cette fois, ça va passer ?
Ça devrait passer parce que la crise change le regard sur le rôle des entreprises. Ensuite, parce que beaucoup d’argent avait été déjà distribué aux ménages touchés par le Covid. Enfin et surtout, parce que c’est cohérent avec le reste de la politique du chef de l’État. Il faut noter les commentaires qui ont suivi la décision prise par Emmanuel Macron de ne pas distribuer de masques gratuits aux élèves : "C’est la responsabilité individuelle des gens, il faut responsabiliser les Français" dans la gestion du risque sanitaire. Voilà, c’est le même état d’esprit. Et c’est d’autant plus notable qu’il est à l’exact opposé de la tendance qui avait failli l’emporter, au plus fort du confinement. Souvenez-vous "Il faut augmenter les impôts des riches et des entreprises, lâcher tout sur la dépense publique, nationaliser des entreprises". On l’a échappé belle.