Violences et campagne électorale sur l'insécurité et l'immigration : drôle d’ambiance pour une movida !

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse au climat tendu sur fond de violence physique et verbale alors que l'on s'attendait à une "movida" avec la nouvelle phase de déconfinement et le retour des beaux jours.

La gifle reçue par Emmanuel Macron, les jets de farine au visage de Jean-Luc Mélenchon et de François de Rugy, Nicolas Beytout est frappé par le climat qui s’est installé en France.

C’était assez imprévisible. La semaine dernière, les restaurants et les bars rouvraient après sept mois de bouclage et le couvre-feu qui pesait sur le moral de beaucoup de Français était allégé, on s’attendait donc à une vague de plaisir de vivre et de sortir. Ce qu’on a appelé la Movida. Et patatras, l’actualité n’est peuplée que de violence, de tension, d’affrontements et de rapport de force.

La violence en politique ?

Oui, à la violence physique et violence verbale, avec cet "ensauvagement" des réseaux sociaux, comme dit Emmanuel Macron. Ils ont, derrière l’anonymat, désinhibé la parole, et parfois les actes. Mais ça n’explique pas tout. La campagne électorale, elle aussi, crée un contexte d’affrontement. D’autant plus que les thèmes qui se sont imposés dans le débat tournent beaucoup autour de l’insécurité.

Alors que les questions de sécurité ne sont pas une compétence régionale.

Exact, les régions doivent s’occuper des transports, des lycées, de formation professionnelle, d’économie et de tourisme, pas de sécurité. Mais l’extrême-droite a décidé de mettre systématiquement en avant ce sujet et celui de l’immigration. Deux domaines dans lesquels le bilan du gouvernement n’est pas bon. Et sur la sécurité, ça a marché ! Il suffit d’observer la campagne en région Paca, avec la tête de liste RN Thierry Mariani qui promet une "région bouclier". Ou en Ile-de-France où Laurent Saint-Martin, la tête de liste La République en Marche a évoqué la constitution d’une police régionale. Quant à Valérie Pécresse, elle a été encore plus tranchante. Elle a décidé que, si elle était réélue, la région s’emparerait de cette compétence sécurité et s’impliquerait également dans la construction de places de prison.

Et sur l’immigration ?

Là aussi, le Rassemblement national a réussi à imposer le débat. La preuve, la semaine dernière, entre deux étapes de son tour de France et avant le sommet du G7, Emmanuel Macron a convoqué à l’Elysée une réunion sur l’immigration et sur les expulsions des étrangers en situation illégale, et Gérald Darmanin a immédiatement fait savoir qu’il avait mobilisé les préfets pour durcir les sanctions contre les étrangers auteurs de troubles à l’ordre public. Tout ça crée un drôle de climat, bien éloigné de ce je ne sais quoi d’insouciance qu’on espérait ressentir à ce moment-là de la sortie de crise sanitaire.

Il y a tout de même beaucoup de monde dehors, les magasins sont pleins et la météo est avec nous.

Oui, c’est le retour progressif à une économie normale, et il faut espérer que le boom de croissance annoncé sera au rendez-vous. Mais, et on le sait depuis la défaite de Lionel Jospin il y a presque 20 ans, les performances économiques s’inclinent souvent devant les questions de vie quotidienne et de sécurité.