Le prix du carbone est en augmentation et c'est une bonne chose. Comme l'explique Nicolas Barré, directeur délégué de la rédaction des Echos, la logique du pollueur-payeur pourrait être plus efficace que la réglementation. C'est ce que défend le prix Nobel d'économie Jean Tirole.
C'est le signe que le monde bouge ! Depuis le début de l'année, le prix du carbone ne cesse d'augmenter. Et vous nous expliquez, Nicolas Barré, que c'est une bonne nouvelle.
Oui le prix de la tonne de carbone s'envole : + 40% depuis le début de l'année. Son cours s'approche des 50 dollars la tonne sur le marché européen des quotas d'émission de CO2. La hausse s'est accélérée lorsque l'Union européenne s'est engagée la semaine dernière à réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Pourquoi c'est une bonne nouvelle ? Parce que ça montre que le bon vieux principe pollueur-payeur fonctionne. C'est efficace.
Pourquoi?
L'idée poussée par de nombreux économistes, notamment Jean Tirole, le Prix Nobel d'économie, c'est que le meilleur moyen de réduire les émission de CO2, c'est par les prix. C'est beaucoup plus simple et efficace que la réglementation. Exemple : vous êtes un producteur d'électricité. Vous pouvez produire votre électricité avec une centrale à charbon, avec du gaz, avec du nucléaire, avec du soleil etc. Vous avez le choix.
Sauf que si vous choisissez la centrale à charbon, vous allez devoir payer pour chaque tonne de CO2 émise dans l'atmosphère. Si la tonne de CO2 coûte 1 ou 2 euros, ce n'est pas trop gênant. Mais si elle coûte 50 euros, vous allez réfléchir à deux fois et allez vous orienter vers du solaire ou de l'éolien.
Et ça marche pour toutes les activités ?
Aujourd'hui, seules les activités les plus polluantes comme la chimie, la sidérurgie, le transport aérien etc sont soumises à ce système de droits à polluer qui renchérissent les coûts. Mais oui, on pourrait étendre le mécanisme à tous les secteurs. En faisant attention quand même : si nous devions être les seuls en Europe à le faire, les industries polluantes iraient s'installer ailleurs, en Chine ou en Inde. Mais de plus en plus de pays dans le monde adoptent ce système.
Comme le dit souvent l'économiste Jean Tirole, c'est le moyen le plus sûr pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. A l'époque, les pays n'avaient pas pu se mettre d'accord sur un tel système. Mais depuis on a progressé. Polluer, rejeter du C02 devient de plus en plus coûteux, c'est ce à quoi l'on assiste en ce moment. On peut espérer que le monde entre dans un cercle vertueux...