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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les comptes publics français s’améliorent avec un déficit en baisse et une dette stabilisée. Même les prélèvements obligatoires, c’est-à-dire l’ensemble des impôts et cotisations sociales, se réduisent : tout va bien ?

Le gouvernement, c’est normal, s’en félicite. En 2018, comme l’année précédente, le déficit public est resté inférieur à 3%, il était même de 2,5% l’an dernier. Deux années à moins de 3%, ça n’était jamais arrivé en dix ans. Forcément, le gouvernement s’en félicite avec tambours et trompettes. De même qu’il se félicite de la stabilisation de la dette (à 98,4% du PIB) et d’une petite baisse du poids de dépenses publiques dans la richesse nationale : 56% l’an dernier contre 56,4% l’année d’avant. C’est un petit mieux. Pourtant, ces chiffres, certes un peu meilleurs, ne dessinent pas un paysage très glorieux et peuvent même inquiéter.

 

Pourquoi ?

D’abord parce qu’ils vont se détériorer : le déficit va repasser au-dessus de 3% cette année à cause d’un effet baisses de charges et à cause des 11 milliards de mesures décidées en janvier pour calmer (avec un succès relatif) la crise des gilets jaunes. Deuxièmement parce que beaucoup d’autres pays autour de nous sont à l’équilibre ou en excédent budgétaire : il n’y a pas que l’Allemagne. Il y a aussi la Suède, les Pays Bas, le Danemark, la République tchèque, l’Autriche et même la Grèce ! Troisièmement parce qu’en dépit d’une petite baisse des prélèvements obligatoires, nous restons le pays d’Europe qui prélève le plus d’impôt sur la richesse nationale : le ras-le-bol fiscal n’est pas une vue de l’esprit.

Bon, c’est vrai que nous ne sommes pas le meilleur élève. Mais pourquoi les chiffres français inquiètent-ils alors qu’ils s’améliorent ?

Pour deux raisons. Un : dès que les comptes publics vont un tout petit peu mieux, on a tendance à lâcher du lest. Cela fait 40 ans que la même histoire se répète. Deux : parce que la sortie du grand débat ne doit pas nous emmener sur de fausses pistes. On est un pays qui prélève énormément d’impôts et de cotisations sociales, qui redistribue plus que tous les autres et où pourtant beaucoup de gens ont un sentiment d’injustice. Ce paradoxe ne doit pas conduire à vouloir redistribuer encore plus, or c’est la tentation. Le fond du sujet, c’est que nous prélevons beaucoup d’impôt pour financer une dépense publique pas assez efficace. La bonne nouvelle, celle qui devrait sortir du grand débat, c’est que nous avons des marges de manœuvre. Elles sont même considérables ! Mais elles ne se trouvent pas du côté des prélèvements ou de la redistribution des richesses, elles sont du côté des dépenses. Les débats, c’est fini. Il faut attaquer ce chantier.