Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La crise des Gilets jaunes a fait voler en éclats ce qui était un objectif du quinquennat : le retour à l’équilibre du budget en 2022.
Cette promesse n’est désormais plus tenable. Les patrons de Bercy (Bruno Le Maire et Gérald Darmanin) l’annoncent ce matin dans une interview aux Échos. Il n’est plus question de revenir à l’équilibre, le gouvernement table désormais sur un déficit de 1,2% du PIB en 2022. C’est bien sûr un effort important dans un pays habitué à des déficits dépassant les 3% du PIB -ce qui sera d’ailleurs le cas cette année. Mais ce n’est pas l’équilibre promis. Pour deux raisons. Un parce que la croissance sera plus faible que prévu, 1,4% par an jusqu’à la fin du quinquennat. Et deux parce que les 10 milliards de mesures "gilets jaunes" décidées en début d’année pèsent bien évidemment sur les comptes publics.
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Autre conséquence de la crise des Gilets jaunes, les patrons de Bercy enterrent la taxe carbone ?
Il n’est prévu aucun retour de la taxe carbone d’ici la fin du quinquennat. C’est fini : on ne compte plus sur ce type de recettes pour boucler le budget de l’Etat. Cela ressemble à un enterrement définitif. Les écolos diront que ce n’est pas glorieux mais ça fait un impôt en moins. Et cela permet aux patrons de Bercy d’annoncer une baisse de la pression fiscale de 1,4 points de PIB, c’est plus que prévu initialement. Alors au-delà de la taxe carbone enterrée et pour mettre du concret derrière ce chiffre de baisse la pression fiscale, que trouve-t-on ? Côté ménages, les baisses d’impôts vont cibler les classes moyennes. Les patrons de Bercy confirment les deux pistes sur la table : la diminution des premières tranches de l’impôt sur le revenu et la suppression de la redevance télé. Enfin la taxe d’habitation sera bien intégralement supprimée d’ici 2022, pour tout le monde, c’est prévu comme tel dans les projections de Bercy jusqu’à la fin du quinquennat. Et puis côté entreprises, la baisse de l’impôt sur les sociétés à 25% d’ici la fin du quinquennat également sera tenue. Pourquoi ? Parce que d’autres pays européens mais aussi les États-Unis font de même et qu’il y va de l’attractivité du pays, donc des emplois de demain.
Est-ce que tout ça passe le test de Bruxelles ?
Il y a plusieurs points qui vont mal passer. La dette, qui représente 98% du PIB comme vous le savez : on devait la réduire de 5 points, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin nous disent que ce sera à peine deux points ! Le déficit ? Il baissera moins que prévu. Enfin les dépenses sont un peu sous-estimées puisque dans leurs calculs, les ministres de Bercy n’ont pas intégré la possible ré-indexation des petites retraites l’année prochaine. Il aurait été plus prudent de le faire. Donc oui, il y aura aussi un grand débat avec Bruxelles.
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