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Malgré l'annonce du plan de relance pour éviter la catastrophe sociale, on risque de voir une avalanche de défaillances et de plans sociaux d’ici la fin de l’année. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est un des volets les plus importants du plan de relance, tout faire pour éviter une catastrophe sociale qui semble pourtant de plus en plus inévitable.

Cette rentrée sociale est atypique, ça ressemble au calme avant la tempête. Pour le moment, le front social est incroyablement calme. Il n’y a pas de plan de licenciements massifs. On est encore dans une phase où les entreprises sont sous assistance respiratoire, elles ont des reports de charges, du chômage partiel et des prêts garantis. Bref, elles ont de quoi tenir. Nous avons fait le tour des tribunaux de commerce dans les grandes villes françaises et tous nous disent à peu près la même chose. Il y a peu de liquidations, peu de faillites, peu de procédures de redressement. Mais tous ajoutent que ce n’est pas bon signe.

Pourquoi ?

Parce qu’on va arriver fin septembre à la fin de cette période où l’économie était sous morphine, où on pouvait reporter les échéances. Et là, l’atterrissage risque d’être sévère. François Asselin, le patron la CPME, l’organisation patronale qui représente les PME, estime que beaucoup d’entreprises vont "mettre un genou à terre" cet automne. Ça inquiète fortement les pouvoirs publics. On risque de voir une avalanche de défaillances et de plans sociaux d’ici la fin de l’année. D’où 15 milliards, sur les 100 du plan de relance, ciblés sur l’emploi et la formation. Elisabeth Borne, la ministre du Travail, parle d’un "bouclier anti-licenciements". Belle image, mais trompeuse.

Ça ne suffira pas ?

Oui et Nicolas Barré prend un exemple : le dispositif social le plus important, la moitié des 15 milliards, vise à financer ce que l’on appelle l’APLD, l’activité partielle de longue durée. Quand une entreprise qui n’a pas assez d’activité passe un accord avec les syndicats pour baisser le temps de travail, ça peut aller jusqu’à -40% pendant deux ans. Et c’est l’État qui finance. C’est très bien sauf que beaucoup d’entreprises se disent aujourd’hui que ça ne suffira pas, que leur carnet de commande va rester durablement très bas et que donc il faudra faire des licenciements pour réduire l’excès de main d’œuvre. Autre exemple, l’État va mettre beaucoup d’argent sur la formation pour aider les gens à changer de voie. Mais se former pour quoi ? Beaucoup d’employeurs sont dans un brouillard total et ne savent pas dire de quelles compétences ils auront besoin d’ici un an ou deux. Bref, la rentrée sociale est calme, mais hélas c’est un calme qui n’annonce rien de bon.